Société

Oui à l’autonomie, non à l’indépendance

© D.R

Kofi Annan a publié son rapport sur le Sahara. Comme cela a été déjà écrit, le secrétaire général des Nations unies recommande la prorogation de dix mois du mandat de la Minurso, jusqu’au 28 février 2005. Devant le Conseil de sécurité réuni, mardi, en consultations à huis clos, le secrétaire général a fait part de son souhait de voir les «parties mettre à profit cette période (…) en vue de l’acceptation et de l’application du Plan de paix». Il recommande de s’en tenir au dernier plan de son envoyé personnel James Baker.
En substance, ce plan prévoit, comme l’a rappelé le secrétaire général des Nations unies, qu’au terme d’une période transitoire de partage des pouvoirs entre le Royaume du Maroc et les polisariens, les électeurs seront appelés à s’exprimer dans le cadre d’un référendum sur «le statut définitif du Sahara» : «L’indépendance d’une part, l’intégration au Maroc d’autre part».
La réponse du Maroc à cette recommandation est claire et sans ambages. Elle est publiée en annexe du rapport de Kofi Annan. Le Royaume y fait valoir qu’il est prêt à accepter l’autonomie du Sahara, telle qu’elle est définie dans le plan de James Baker, mais sans phase transitoire et sans référendum. Une source marocaine proche du dossier avait déclaré à ALM : «cette période de transition a été tracée de façon extrêmement vague. La moindre petite visibilité y fait défaut. Que veut dire une période transitoire ? Qui va tenir les rênes de la chose publique? Qui va garantir la sécurité des populations ? Va-t-on précipiter la région dans le chaos ?» Cet expert ajoute que la région est stable sous la souveraineté marocaine et qu’il est hasardeux de la livrer à des convulsions dont personne ne peut prédire l’issue. Il ajoute que cette période transitoire est susceptible d’entraîner tout le Maghreb dans l’insécurité et l’instabilité. D’ailleurs, le nouveau plan de James Baker participe davantage du plan de règlement de 1991 dont l’inapplicabilité flagrante a été constatée par tous, y compris par la Minurso.
Au demeurant, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération réagit au rapport de Kofi Annan. Dans ce communiqué, publié également mardi, «le Maroc a exprimé sa disponibilité sincère et entière à négocier un statut d’autonomie viable, crédible et définitif au bénéfice de tous les habitants de la région» du Sahara. Cette disposition à accorder une large autonomie au Sahara s’accompagne toutefois de lignes rouges. «Elles concernent le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale du Maroc et des bases fondamentales et constantes du Royaume», précise le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Et justement, Kofi Annan a conclu dans son rapport que «le problème de la souveraineté est de toute évidence le problème fondamental qui a divisé les parties pendant toutes ces années». Le premier plan de James Baker, datant de juin 2001, avait résolu ce problème. Ce premier plan, qualifié par l’envoyé onusien de solution de la dernière chance, établissait l’autonomie des provinces du Sahara sous la souveraineté du Royaume. Le polisario et l’Algérie l’avaient rejeté, sans que le Maroc ne se sente en droit d’appeler l’envoyé personnel de Kofi Annan à dépasser le rôle qui lui est assigné : médiateur entre les parties en conflit.
Aujourd’hui, la position du Maroc a été clarifiée dans la lettre publiée en annexe du rapport de Kofi Annan. Le Royaume refuse l’option de l’indépendance et défend la solution politique de l’autonomie. Le secrétaire général de l’ONU anticipe déjà sur un possible désaccord entre les parties en conflit. Il laisse supposer que cela ne laissera au Conseil de sécurité qu’une option : «Mettre fin aux activités de la Minurso et renvoyer la question du Sahara occidental à l’Assemblée générale.» Le polisario anticipe également sur sa défaite. Il s’agite pour qualifier de «concession» faite au Maroc la prorogation de dix mois du mandat de la Minurso. Il sait que le temps ne joue pas en sa faveur. Le nouveau Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatéro, est plus favorable aux positions du Maroc que son prédécesseur. Et les preuves des complicités des polisariens avec les terroristes d’Al Qaïda pleuvent de toutes parts. Un article, publié mercredi dans le journal français Libération, est consacré à une réunion sur la grande base militaire américaine de Stuttgart en Allemagne. Les militaires américains s’y sont entretenus avec des responsables marocains, algériens, tunisiens et mauritaniens. Les Américains les ont réunis pour évoquer une nouvelle donnée géopolitique. Les milliers de kilomètres du Sahara sont devenus une «zone grise», où terroristes et bandits évoluent en toute liberté. Au coeur de tous les trafics, le polisario.

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