Le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane s’attire les foudres des féministes. Ces propos, lors de son passage à la Chambre des conseillers, ont déclenché la colère des associations féministes.
Une colère compréhensible lorsqu’un chef de gouvernement appelle les femmes à rester chez elles pour s’occuper de leurs maris et leurs enfants. Pour les partisanes de la cause féminine, M. Benkirane est allé beaucoup trop loin en qualifiant les femmes qui sortent travailler de «lustres qui perdent leurs lumières».
Pour protester contre les déclarations de Benkirane, la Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la Constitution qui regroupe plusieurs associations et ONG de défense des droits humains a organisé un sit-in hier mardi, devant le Parlement. Contacté par ALM, la présidente de la Coalition, Fouzia Assouli, révulsée, affirme que «tenir de tels propos de la part d’un chef de gouvernement est très grave et constitue une violation des droits de l’Homme sachant que le droit au travail est un droit universel». Et d’ajouter que «de telles affirmations sont dangereuses pour l’avenir du pays».
Mme Assouli s’interroge sur le fait que si toutes les Marocaines arrêtent de travailler pour s’occuper entièrement de leur foyer, le gouvernement sera-t-il en mesure de mobiliser les fonds nécessaires pour subvenir aux besoins de toutes ces femmes? Cette militante reconnaît que si les femmes venaient à arrêter de travailler, les répercussions sur le plan économique seraient catastrophiques dans la mesure où elles contribuent pleinement au développement et à la croissance du pays. Il n’est pas inutile de rappeler que quelque 1,2 million sur 6,8 millions de ménages (soit 17,7%) ont été dirigés par des femmes en 2012, selon les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Outre la marche du 24 juin, la Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la Constitution a rédigé une pétition contre Benkirane et interpellé les membres du gouvernement et les partis politiques. Quant à l’idée d’organiser d’autres marches de protestation, la présidente de la Coalition préfère ne pas se prononcer pour l’instant.
«Tout dépendra de la réaction du gouvernement par rapport à la marche du 24 juin», conclut-elle. La Coalition se réunira prochainement pour examiner les éventuelles mesures à prendre.