Société

Quelle gauche ? Quelle union ?

L’union de la gauche a fait couler beaucoup d’encre. Mais, en réalité, le débat sur cette question a été volontairement ou involontairement obscurci parce que ses termes n’ont pas été correctement posés.
En effet, il est de notoriété publique que la gauche n’est pas un corps homogène. Donc de quelle gauche s’agit-il ?
L’union n’étant pas un objectif en soi, il est nécessaire de se poser la question suivante : quelle union et pourquoi faire ?
La gauche n’est pas homogène. Elle regroupe un certain nombre de forces organisées et de militants non organisés.
Il y a un courant social-démocrate regroupant autour de l’USFP, le PPS et le PSD. Ce courant sert, actuellement, le projet de modernisation du makhzen qui vise à en changer l’apparence, tout en maintenant son essence. Il vise également à faciliter l’adaptation des classes dominantes rentières (rentes foncières, immobilières, exploitation du sous-sol et des richesses halieutiques) exploiter ses industries de sous-traitance à bas salaires et parasitaires (pillage de l’Etat (agréments, autorisations et toutes sortes de privilèges) à la mondialisation capitaliste.
Un courant socialiste constitué par Annahj Addimocrati, le PADS et tous les militants qui oeuvrent à l’édification de l’organisation politique autonome de la classe ouvrière et des masses laborieuses en général. Ce courant lutte, dans la phase actuelle, pour l’instauration d’un régime démocratique et contre le capitalisme sauvage.
Entre ces deux courants relativement cohérents, hésitent les autres forces de gauche. L’OADP en est l’exemple le plus significatif. Sur le plan idéologique, ces forces oscillent entre socialisme et social-démocratie. Sur le plan politique, elles sont ballottées entre l’opposition au makhzen, les illusions de sa possible réforme et la recherche de compromis.
En outre, certaines forces de la gauche sont encore en cours de structuration organisationnelle et d’élaboration de leurs plates-formes politique et idéologique (Congrès national ittihadi, militants de la nouvelle gauche…), alors que de nombreux militants de gauche ne se sont pas engagés politiquement, se contentant, dans le meilleur des cas, de militer dans les organisations de masse ou de la société civile.
Cette rapide radioscopie de la gauche montre qu’il est irréaliste de croire à une possible union entre des courants aux objectifs à court, moyen et long termes contradictoires.
Par contre, des raisons objectives existent pour favoriser l’unification du courant socialiste dans une seule organisation : combat commun pour la construction de l’organisation politique autonome de la classe ouvrière et des masses laborieuses. Cependant, cette unification ne peut se décréter par en-haut, ni se faire de façon précipitée. Car le processus de décomposition/recomposition de la gauche, s’il connaît actuellement une accélération, est toujours en cours.
Aussi, cette unification doit-elle être le résultat de plusieurs processus. Consolidation des acquis de l’action commune entre Annahj Addimocrati et le P.A.D.S., mise en place des structures unitaires nationales, locales et sectorielles et leur activation, élargissement de l’audience du courant socialiste en contribuant à la rénovation du projet socialiste et en combattant le projet social-démocrate, enracinement au sein de la classe ouvrière et des masses laborieuses.
Ouverture en direction des forces et militants qui n’ont pas encore rejoint le courant social-démocrate pour mettre fin aux hésitations et à l’attentisme des uns et des autres et favoriser leur adhésion, en totalité ou en partie , au projet socialiste et au combat déterminé contre le projet makhzénien.
La constitution d’un pôle démocratique radical autour d’un programme minimum comprenant, dans la phase actuelle, la lutte pour la démocratie et contre le capitalisme sauvage, peut être la formule organisationnelle adaptée pour l’unification des forces et militants de gauche n’appartenant pas au courant social-démocrate. Pour en assurer l’efficacité, les instances nationales, locales et sectorielles de ce pôle peuvent être dotées de larges prérogatives pour mettre en oeuvre le programme commun.
Le courant social-démocrate peut, à l’avenir, jouer son rôle dans le combat pour la démocratie. Cependant, il s’est disqualifié pour en assurer la direction qui devrait donc échoir au pôle démocratique radical.

• Abdallah El Harif
Secrétaire général d’Annahj Addimocrati

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