Société

Séparées par la mort

Douar Sidi Brahim, province d’El Jadida. Dans une maison vétuste, demeurent un couple, leur deux petites filles et la grand-mère. Malgré la pauvreté et la misère, cette famille mène une vie tranquille. Les parents se débrouillent pour gagner leur vie. Ils passent la majorité de leur temps dehors. Ne restent dans la maison que leurs deux filles, Fatima, 14 ans et Hasna, 11 ans, ainsi que la grand-mère, Aïcha, malade qui quitte très rarement son lit, pour faire un tour dans la maison. Ses deux petites-filles sont aux petits soins.
Elles veillent à satisfaire ses moindres désirs, car elles l’aiment follement. C’est qui les a élevées dans l’amour fraternel, qui leur appris les travaux ménagers… A vrai dire, elle est leur grand-mère, leur mère et leur père et leur frère et leur soeur en même temps. Quand elles se rendent à l’école, elles pensent à elle. Parce qu’elle reste seule. Effectivement, Fatima et Hasna sont un exemple pour les autres filles du douar. «Soyez comme les filles de Zahra, Fatima et Hasna. Regardez comment elles se comportent avec leur grand-mère et leurs parents. Elles les respectent et elles n’ont jamais fait de scandale en l’absence de leur parent… », répètent les mères du douar à leurs enfants. Et l’amour qu’elles se portent mutuellement est une réalité qui touche les voisins, qui sont émus l’affection et la tendresse que se vouent Fatima et Hasna. Mais c’est un amour qui a éclos par l’éducation et les comportements de leur grand-mère et de leurs parents qui s’aiment d’une manière inimaginable.
Cependant chaque foyer à ses problèmes et chaque relation familiale à ses défauts. Chaque relation traverse des hauts et des bas. «Même les jumeaux se bagarrent dans le ventre de leur mère» dit l’adage marocain. Mais personne n’aurait pu imaginer qu’un malentendu entre les deux soeurs finirait par un drame.
Zahra et son mari étaient invités chez leurs proches à Had Soualem. C’était un dimanche, leur jour de repos et l’unique occasion de rendre visite à leurs familles et leurs amis. Ils se sont habitués à cela, surtout que leurs filles gardent la maison et veillent sur leur grand-mère. Certes ils devaient passer au moins cette journée avec elles. « Je sais, mes petites filles, qu’on doit passer cette journée avec vous et ma mère, mais nous sommes obligés de répondre à l’invitation de ma cousine » dit Zahra à ses deux filles avant de partir.
Midi. Fatima est à la cuisine pour préparer le déjeuner. Elle appelle à chaque fois sa soeur Hasna pour lui apporter quelque chose ou pour l’aider. La tonicité cède la place à la paresse chez Hasna. Elle ne veut plus faire quelque chose avec sa soeur. Elle est assise devant la télévision et ne répond pas aux appels de sa soeur. Fatima appelle en criant: «Hasna! Hasna!… Hasna!». Celle-ci ne répond pas. C’est la première fois qu’elle se comporte ainsi. Pourquoi ? «Hasna, Hasna…Hasnaaaaaa…».
La grand-mère n’intervient pas. Elle n’en a pas la force. Enervée, Hasna se lève et rejoint sa soeur à la cuisine et lui dit en criant : «Que veux-tu de moi…tu dois faire ce que tu veux sans moi…je suis très fatiguée…».
Fatima, qui épluchait les pommes de terre avec un couteau, regarde sa soeur sans dire un mot. Son visage devient rouge comme une tomate. Elle la scrute comme si elle ne l’avait jamais vue, le couteau toujours à la main. Elle n’est plus ce qu’elle était. D’un geste incontrôlable, elle jette le couteau en direction de Hasna en criant à haute voix «Va te faire f…». Qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’un malentendu futile entre deux soeur dégénère en drame ? Le couteau se plante au niveau du coeur de Hasna. Celle-ci tombe. La grand-mère descend de son lit, quitte lentement sa chambre, tente de calmer les deux soeurs. Mais il est trop tard. Hasna a rendu l’âme. Â quatorze ans et l’espace d’un moment de colère, Fatiha s’est muée en tueuse…Et pas de n’importe qui. De sa propre soeur. Un malheureux destin.

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