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Tramdina à Casablanca : Mais où est passé l’esprit de Ramadan ?

© D.R

Tolérance, paix, calme et tranquillité…! Des vertus qui faussent compagnie à nombreux de nos compatriotes en ce mois sacré. Et pour cause, la mauvaise humeur qui caractérise les jeûneurs en ce mois de Ramadan, et qui semble être une maladie transmissible d’un jeûneur à l’autre, ce qui engendre bon nombre de disputes quotidiennes et donne lieu à plusieurs scènes de querelles violentes, voire sanglantes.

L’exemple de Casablanca, capitale économique du pays et première métropole du Maghreb en termes de population, illustre cette tramdina (mauvaise humeur liée -à tort- au Ramadan). Il suffit de se rendre aux petits et grands marchés de la ville pour se rendre compte du degré de pression et de tension qui pèse aussi bien sur les vendeurs (sous le soleil toute la journée) que les clients. On peut facilement saisir leurs discours insidieux, desquels naît un micro-conflit pour laisser la place aux gros mots et les expressions obscènes qui fusent dans l’air par les bouches des soi-disants jeûneurs. «En toute franchise, j’ai du mal à me contrôler pendant ce mois-là surtout quand il s’agit d’un client qui reste sceptique et méfiant devant la marchandise, cela me met hors de moi», avoue l’un des marchands ambulants de la région. Il est bien regrettable que le virus contagieux de la «tramdina» pousse les gens à agir de cette manière, sachant qu’un grand nombre d’affrontements et de disputes qui se produisent dans ces marchés au cours de ce mois éclatent souvent pour des questions de place ou encore même pour des banalités et simples malentendus…

Sans parler des arrestations nombreuses des malfrats et des agresseurs armés qui se poursuivent même au cours de ce mois sacré. Ainsi, les victimes qui rendent l’âme à cause de la violence qui règne en ce mois de Ramadan sont légion. Une violence qui caractérise les conducteurs de voitures et de transport en commun généralement et chauffeurs des grands taxis particulièrement. Ceux là mènent chaque jour des batailles sur nos routes, mettant en danger leur vie et celle des autres.
C’est bien dommage de faire de tels constats, d’autant plus que c’est dans ce mois sacré que l’on est censé acquérir de la patience et apprendre à bien se contrôler. L’occasion aussi de purifier son corps et son esprit et développer de bonnes valeurs dans une ambiance de spiritualité.

Mais est-ce naturel que la faim se manifeste d’une façon si violente et si agressive? Ou est-ce plutôt question de manque de sommeil qui influence le moral et le comportement? (Voir entretien ci-dessous)

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«Il vaut mieux ne pas jeûner que d’être au bord de la crise d’hystérie»
Trois questions à Hilmy Bengelloun , coach et hypnopraticien

ALM : Comment expliquez-vous le phénomène de «tramdina»?

Hilmy Bengelloun : La «tramdina» comme vous le dites si bien est due à un changement d’habitudes assez brutal qui s’opère du jour au lendemain. Il y a les facteurs comme la perturbation du cycle du sommeil, l’absence d’excitants (thé, café ou cigarette), la chaleur ou encore les difficultés rencontrées dans la réalisation de certaines tâches qui sont très physiques pour une personne qui observe le jeûne. Très vite le corps se retrouve à court de tous les ingrédients nécessaires à son fonctionnement habituel et addictif, ce qui se traduit par des nerfs à fleur de peau. Comme, en plus, le civisme n’étant pas le fort des Marocains, on se retrouve avec des déviations caractérielles et comportementales.

Une violence injustifiée donc ?

Absolument. Rien ne saurait justifier cette violence compte tenu des préceptes religieux et «ramadanesques», dans un mois sacré, de piété, de frugalité et de bonté. Seulement, les gens le vivent dans leur majorité comme un mois festif la nuit et de frustrations le jour où tous les excès sont permis.

Comment peut-on sensibiliser face à ce phénomène ?

La sensibilisation est l’affaire de tous. Du gouvernement, des associations, des imams dans les mosquées, des lycées, des universités, des centres culturels, des partis politiques, etc. Tout centre de décision, quel qu’il soit, devrait s’impliquer, car il en va de l’équilibre d’une société, de ses droits et de ses devoirs. Dans ce sens, je peux citer l’Association marocaine pour le civisme et le développement (Afak) qui fait du bon travail, mais il faut plus. Il s’agit de faire comprendre aux gens qu’il vaut mieux ne pas jeûner que d’être au bord de la crise d’hystérie car cela ne répond pas aux critères du jeûne. On peut faire des distributions de notes explicatives sur la manière de vivre son jeûne. Les idées sont nombreuses, il ne manque que l’initiative privée ou publique.

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Noura Yakine

(Journaliste stagiaire)

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