Société

Un escroc très imaginatif

© D.R

C’est à Amizmiz, un village du Haut Atlas, situé sur les pentes du Jbel Erdouz, à 50 km au Sud-Ouest de la ville ocre, que Abdellah est né un jour de l’année 1968. À son troisième printemps, sa mère l’a pris entre ses mains pour rejoindre son époux qui travaillait à l’aéroport d’Agadir-Inezgane. C’est dans la ville touristique que le petit Abdellah a grandi au fil des années et fini par aller à l’école à l’âge de sept ans. Ses parents voyaient en lui et en son frère aîné l’avenir et un grand rêve. Ils déployaient tous leurs efforts pour qu’ils réussissent tous les deux dans leurs études. Pour sa part, l’aîné est arrivé à décrocher un diplôme universitaire, puis à émigrer en Europe pour s’installer enfin en Suisse. Mais, de son côté, Abdellah, qui est arrivé en huitième année de l’enseignement fondamental, a échoué à trois reprises pour se retrouver, en conséquence, sans place à l’école.
Craignant qu’il ne soit absorbé par la délinquance, son père a tenté à maintes reprises de l’aider à avoir un emploi. Ses efforts ont porté leurs fruits. Abdellah a été embauché à l’aéroport. Seulement, il ne travaillait pas à plein-temps. Une situation qui lui permettait d’en profiter pour rejoindre son frère en Suisse où il  passait une semaine ou deux avant de rentrer pour reprendre son emploi. Puis il a quitté son emploi après avoir été embauché dans une agence de voyages à Agadir. Un emploi qui semblait lui rapporter gros, car, avec le temps, il a ouvert un petit commerce pour la vente de pièces de rechange pour véhicules. Personne ne savait pourquoi il avait choisi cette activité et pas une autre. Mais, quelques années plus tard, il a déclaré faillite, liquidé son commerce et dilapidé son argent pour rester sans le moindre sou. Que faire pour gagner sa vie ? Il n’en avait aucune idée et il est resté au chômage durant des mois. Son père et son frère qui réside en Suisse n’hésitaient pas à l’aider d’une fois à l’autre. Un soutien qui semble l’avoir encouragé à rester les bras croisés sans chercher de travail. Une paresse qui a mis son père hors de lui au point qu’il l’a chassé de la maison. En conséquence, Abdellah est devenu un sans-domicile fixe. Il passait ses nuits chez des amis qui ne pouvaient plus l’accueillir quotidiennement. Recourir à l’escroquerie est l’idée qui lui est venue à la tête. Comment ?
Vêtu de ses  plus beaux habits et un dossier en main, il s’est rendu directement dans une école privée de tourisme. Il a demandé à voir la directrice pour lui proposer une affaire au profit des étudiantes.
«Je suis propriétaire d’une agence de voyages et je vais accueillir les joueurs d’une équipe suisse qui va dispuetr un match amical avec le Hassania d’Agadir », a-t-il prétendu.  La directrice lui a expliqué que son école ne s’intéressait pas à ce genre d’activité. «Mais je ne veux pas que vous participiez à cette activité sportive…Je veux que vous mettiez à ma disposition quelques étudiantes de votre école qui vont veiller à l’accueil des joueurs et des membres du bureau de l’équipe de football. «Je vais leur donner 500 dirhams chacune par jour», lui a-t-il expliqué, avant d’ajouter qu’il organiserait, après, un mois de stage pour une dizaine d’étudiantes à Las Palmas, aux Iles Canaries,.
Croyant à ses paroles, la directrice a avisé les étudiantes et a accroché au tableau de l’école une feuille où elle exhorte les filles intéressées de contacter Abdellah sur son téléphone portable. Moins d’une heure après son départ de l’école, une dizaine d’étudiantes lui ont téléphoné pour réserver une place. A chaque fois qu’il recevait un appel, il demandait à son interlocutrice de le rejoindre soit au café La Fontaine ou un autre situé à la place «Ahl Souss». A chacune d’elles, il demandait de lui livrer des photocopies de sa carte d’identité nationale et de son passeport, des extraits d’acte de naissance, certificat de résidence et une somme allant de 500 à 1.000 dirhams. Remarquant que son idée a commencé à donner ses fruits, Abdellah a rendu visite à l’Institut supérieur de tourisme et d’hôtellerie pour convaincre les étudiantes de son projet. Et il a commencé à amasser de l’argent avant de disparaître.
Des plaintes ont été déposées auprès de la police et Abdellah a été arrêté après des investigations minutieuses. Cependant, il a nié les charges retenues contre lui, prétextant que son projet est réel et que son frère aîné se charge de l’équipe de football suisse. Seulement, ce dernier n’aurait pas respecté la date de l’arrivée de l’équipe suisse et par conséquent il l’a obligé à changer la date du match amical. Cependant, l’équipe du Hassania d’Agadir n’a jamais été contactée à ce propos par Abdellah qui s’est avéré n’avoir aucune agence de voyages. Le Tribunal de première instance d’Agadir l’a condamné à une peine de dix mois de prison ferme.

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