Société

Un si mauvais départ

Ben Slimane. Sanaa se rendait comme a l’accoutumé à son travail. Elle ne se souvient plus de la date précise. Mais elle se rappelle que c’était un après-midi du début du mois de mars 2001. Un jeune la croise sur son chemin. «…Salut, je suis ravi de te parler…», lui dit-il. Elle feint de ne pas l’avoir entendu, ne lui jette même pas un regard. Elle se contente de poursuivre son chemin, la tête baissée. Il la laisse tranquille… pour la suivre une autre fois.
Au bout d’une semaine, elle consent enfin à lui parler. Il s’appelle Ahmed, il a 24 ans et il aide son père dans son commerce. Au bout de trois semaines, le couple finit par s’isoler dans une cabane abandonnée, près de Bouznika. Leur relation se consolide d’un jour à l’autre au point qu’ils ne se passe pas une semaine sans qu’ils se voient au moins trois ou quatre fois. Il lui promet monts et merveilles, la jette dans un océan des rêves. «Je t’aime et je ne me marierai qu’avec toi…», lui chuchote-t-il. Elle boit ses paroles au point qu’elle ne rêve plus que de lui, que de rester près de lui. Dès qu’ils le peuvent, ils vont se réfugier au logis de Bouznika pour profiter ensemble de quelques moments. Une année passe.
Sanaa et Ahmed continuent à s’aimer. C’est en tout cas ce que croit Sanaa. Dimanche 30 mars 2002. Dans la matinée. Sanaa et Ahmed se rencontrent. Chacun à une petite sacoche à la main. Ils avaient l’intention de passer leur journée au cagibi de Bouznika. Ils y arrivent en souriant, bavardant et rigolant. Ils déposent leurs affaires, sortent pour faire un tour. Ils continuent à rigoler et à converser. Il ne rate aucune occasion pour lui exprimer son amour, lui parler de son coeur qui bat la chamade. Midi sonne.
Le couple retourne au cagibi déjeune. Une demi heure plus tard Sanaa perd connaissance. Que lui est-il arrivé? Ahmed ne se pose pas cette question puisqu’il s’y attendait. C’est lui qui a préparé le coup. Un coup ? Et l’amour ? Elle aussi n’a pas trouvé de réponse quand elle a repris conscience et qu’elle a constatée qu’Ahmed l’avait déflorée. Elle est restée bouche-bée. Elle ne savait même pas si elle devait crier ou garder le mutisme. Comment a-t-elle pu le croire tout ce temps là ? Mentait-il et pourquoi? «Ne crains rien ma belle, je vais t’épouser. Fais comme s’il ne s’était rien passé», lui dit-il tentant de la calmer. Elle demande des explications. Mais il ne répond pas. Il ne lui explique pas qu’il a mis un somnifère dans son verre de limonade.
Que va-t-elle dire à ses parents? Devra-t-elle regretter cette relation qui vient de finir mal? Ahmed tente une fois encore de la calmer quand il voit quelques larmes qui coulent de ses yeux. Mais c’est trop tard pour elle. Elle n’a qu’un seul refuge ; continuer à le croire. Ils remballent leurs affaires et rebroussent chemin. Chacun se rend chez lui. Ils continuent à se rencontrer. Ahmed continue à lui promettre le mariage. Mais sans avancer d’un iota. Il se contente de l’abreuver de paroles.
Une semaine plus tard, Sanaa fini par dévoiler la réalité à sa mère. Hors d’elle, elle la rosse de coups, puis s’adresse à la famille d’Ahmed, leur demande de mettre fin au déshonneur de sa fille. Seulement la famille d’Ahmed refuse, accuse Sanaa de débauche, la traite de «fille de tout le monde». La mère de Sanaa ne peut supporter ces paroles. Elle accompagne sa fille pour déposer plainte contre Ahmed. Ce dernier est arrêté, mis entre les mains de la chambre criminelle près la cour d’appel de Casablanca. La poursuite : Viol sous l’effet d’un somnifère. Les voisins et les familles interviennent pour mettre fin à cette histoire. Ahmed épouse Sanaa. Et la cour a fermé le dossier en condamnant Ahmed à un an avec sursis. Comment Ahmed et Sanaa pourront-ils vivre sous le même toit, alors que leur relation semblent être arrivée à sa fin ?

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