D’abord, je tiens à préciser que le marché est libre pour tout le monde. Je suis pour la concurrence et l’émulation. Si ce Journal dispose pour le Maroc d’un business plan qui lui permette d’y faire sa place, qu’à cela ne tienne !
Cependant, je crois que Le Monde fera tôt de se heurter à la faiblesse structurelle du marché publicitaire. Aussi aura-t-il beaucoup de difficultés à vendre des pages publicitaires au Maroc, étant donné les tarifs élevés qu’il va pratiquer : 50.000 à 60.000 Dhs la page minimum. Les annonceurs nationaux ne peuvent pas suivre. Il y a quelques années, l’hebdomadaire Jeune Afrique a tenté la même expérience en ouvrant un bureau au Maroc. L‘aventure a vite tourné court, ce magazine pourtant assez lu chez nous ayant eu du mal à lever de la pub locale. À mon avis, Le Monde à 5 Dhs au Maroc obéit moins à une logique commerciale qu’à des considérations politiques. Cela ressemble à un prix subventionné. Je pense que la France cherche à prendre pied médiatiquement dans ses anciennes colonies dont l’Afrique du Nord représente une région stratégique.