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Violence conjugale: Le récit glaçant de «Jihan»

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Selon HRW, le jour où cette survivante à la violence domestique s’était rendue à la police pour demander de l’aide, leur réponse aurait été la suivante  : «C’est ton mari, on ne peut rien faire. Va au tribunal».

Il la forçait de coucher avec lui, lui demandait de danser «nue» pour ses amis, et la battait jusqu’à ce qu’elle en perde connaissance. Elle, c’est «Jihan» (un nom d’emprunt), et c’est Human Rights Watch (HRW) qui vient nous alerter sur son cas et sur l’échec des autorités marocaines à en finir avec le phénomène de la violence conjugale. Mariée à l’âge de 15 ans, elle a fui la violence de son père pour se retrouver face à un autre type de brutalité. A travers le récit de cette victime, HRW entend mobiliser un maximum de citoyens dans le cadre d’une nouvelle campagne de lutte contre la violence domestique. Détails.

Au moment du récit, Jihan avait 18 ans. Son mariage avec son tortionnaire, qui est son aîné de 10 ans, s’est conclu par la naissance d’un fils âgé de deux ans au moment de l’entretien et plusieurs séquelles aussi bien physiques que psychiques. Selon HRW, le jour où cette survivante à la violence domestique s’était rendue à la police pour demander de l’aide, leur réponse aurait été la suivante  : «C’est ton mari, on ne peut rien faire. Va au tribunal !». «Pourtant j’avais des marques de coups partout»,avait précisé Jihan. L’histoire de Jihan a d’ores et déjà fait le tour de la Toile. HRW s’en sert pour mettre la pression sur les autorités marocaines qui, selon cette organisation, «échouent souvent à empêcher la violence conjugale et familiale, à protéger les victimes, et à punir les agresseurs».

Dans ce cens, l’ONG en question appelle «la ministre marocaine de la femme à adopter des lois fortes à même de protéger efficacement les victimes de violences domestiques». Pour attirer davantage l’attention de la ministre de tutelle, un hashtag #HakkaouiAtiniHakki (Hakkaoui-rends moi justice, ndlr) par le biais duquel les internautes s’adressent directement à la ministre de tutelle pour qu’une loi contre la violence conjugale soit enfin effective.

«C’est malheureux que l’on pense encore que les liens de sang et de mariage sont plus forts et qu’il faut soi-disant les respecter quand il s’agit de violence. Combien de femmes sont battues et n’osent même pas en parler, combien d’enfants sont maltraités et l’autre parent n’ose pas faire le nécessaire, combien de filles sont battues par leurs frères…», s’indigne une des internautes avant d’ajouter : «Quant au viol au sein du couple, il n’est pas pris au sérieux, «mais c’est son mari, il a des droits sur elle», avais-je entendu une personne dire une fois…». Pour d’autres, si les citoyens sont parfois inconscients ou dans le déni par rapport à ce type de violence, la police est appelée à être neutre et prendre chaque cas de violence en tant que tel sans prendre en considération les liens de parenté.

L’histoire de Jihan qui s’était installée avec son mari dans un village de la province d’El Jadida au Maroc en dit gros sur la limite des recours d’une femme violentée. «Dès la première nuit mon mari a commencé à me manquer de respect. Il me demandait de faire des choses contraires à la religion, comme me mettre nue et danser lorsque ses amis venaient, pendant qu’il jouait de la musique. Je refusais, et il me battait», avait-elle raconté a HRW. Elle a également déclaré avoir été violée à maintes reprises. En avril 2015, selon elle toujours, son mari l’avait battue et étranglée jusqu’à ce qu’elle ait perdu connaissance. «Quand j’ai repris conscience, j’étais dans la rue, en pyjama … Je suis encore allée à la police. Ils m’ont dit : «On ne peut rien faire pour toi». Les choses ont davantage empiré pour cette jeune marocaine le jour où elle a demandé le divorce.

Il lui a alors donné un coup de poing à l’œil et a tenté de lui lacérer le visage avec un couteau. En tentant de se défendre, il lui a tailladé le bras. Une chercheuse de Human Rights Watch a observé des points de suture récents sur son bras. Jihan a déclaré qu’elle n’avait pas déposé plainte, en précisant: «J’ai peur qu’il se venge et qu’il me tue», note l’organisation qui s’était entretenue avec Jihan alors qu’elle habitait un refuge dirigé par une association de la place. Le divorce, elle ne l’a pas eu et c’est son père qui le lui a refusé. «Dans notre famille, les femmes ne divorcent pas. Reste avec lui, même s’il veut te tuer !», était la réponse à laquelle elle a eu droit. Tant de mots qui en disent long sur un modèle de société où la femme reste, malheureusement, souvent sans protection tant que les lois ne sont pas améliorées et que le concept même de violence n’est pas bien défini.

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