« On sait très bien qu’il y a des gens qui doivent se doper », déclare Dominique Pailler, médecin de la Fédération française handisport (FFH). « Au point de vue nombre, c’est très peu: dix à Sydney sur 3000 athlètes. Neuf haltérophiles et un lanceur ». « En France, nous faisons des contrôles depuis 30 ans. Nous avons eu nos deux premiers positifs l’année dernière, un basketteur et un haltérophile », indique-t-il à l’AFP, précisant qu’il ne s’agissait « pas de sportifs de très haut niveau ».
Tous deux ont été suspendus. « L’un avait pris un joint, poursuit le médecin. Plus embêtant, l’autre avait pris des anabolisants, mais à toutes petites doses. Selon lui, c’était des compléments alimentaires achetés sur internet. » A Athènes, les sportifs déjà ont été contrôlés. « Nous avons eu six contrôles au village olympique par le Comité paralympique international (IPC), en judo, natation, athlétisme… », ajoute M. Pailler. L’IPC, qui a signé en mai un accord avec l’Agence mondiale antidopage (AMA), précise que même les chevaux pourront subir des tests antidopage en équitation. Pour en revenir aux hommes, les listes de médicaments interdits sont les mêmes que chez les valides. « Mais la demande de justification thérapeutique est plus fréquente chez les personnes handicapées », indique encore Dominique Pailler.
Pour les « handisportifs », qui se considèrent avant tout comme des sportifs de haut niveau, la tentation d’améliorer les performances par tous les moyens est croissante: « Du fait que la médiatisation augmente, et que l’argent commence à apparaître, le risque (de dopage) va exister, selon le médecin. Si ce n’est pas maintenant, ce sera dans quatre ans ou dans huit ans ». Pour l’instant, par manque d’argent, les athlètes handicapés n’ont pas encore accès aux « méthodes sophistiquées de dopage, qui coûtent une fortune ». « S’ils se dopent, c’est à la grand-papa: anabolisants, corticoïdes, stimulants, explique-t-il. Des choses qui sont complètement décelables ».