Culture

Abdelhadi Tazi : «Un peuple sans passé est un peuple absent»

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ALM : Quels sont les apports et la mission de l’historien au sein de la société à laquelle il appartient ?
Abdelhadi Tazi : A l’instar d’un archéologue, l’historien effectue des fouilles au niveau de l’histoire passée, afin d’en comprendre le présent et aider à construire l’avenir. L’historien n’écarte aucune époque et s’oblige à respecter les évènements de chaque période.
Un peuple sans passé, est un peuple absent.
Revisiter notre histoire, n’implique absolument pas de procéder à l’autopsie d’un corps dénudé de vie et complètement inerte. A contrario, c’est le plus sûr moyen de se réapproprier notre richesse historique, d’en porter la connaissance au public mais aussi de la transmettre aux générations futures. La voix et la connaissance du passé ouvrent de nouveaux horizons et génèrait, d’éventuelles vocations.

Quelques mots sur votre longue et riche expérience en tant qu’historien ?
J’ai appris à respecter l’histoire de mon pays et celle des autres peuples. Pour en connaître la véritable portée, il faut d’abord s’intéresser à l’histoire du Maroc à l’échelle internationale dont les documents et les écrits se trouvent dans les archives de Londres, de France, d’ Espagne mais aussi du Vatican. Ces archives nous font découvrir combien et ce, depuis toujours, nous avons été une grande nation ayant influencé culturellement et sur le plan politique, les pays avoisinants.

Quelles sont, selon vous, les moments forts de l’histoire du Maroc ?
Ils sont nombreux et prodigieux, nous pouvons en être fiers et revendiquer avec grandeur notre identité marocaine. Il suffit de se rappeler les personnalités qui ont fait l’histoire de notre pays : Ibn Khaldoun, Ibn Battouta et Ibn Rochd, etc. pour prendre conscience de la densité de l’histoire de notre patrie.

Vous participez au colloque «Le Maroc au féminin » en intervenant sur le thème « La femme et les sciences : la présence de la femme dans les grandes œuvres historiques : le cas de « Zawiya Al Moutawakilia ».
La femme marocaine est amplement présente dans l’histoire de notre pays dans tous les aspects de la vie sociale. Nous savons que pour les honorer, des effigies de leurs portraits ont été gravées sur les monnaies. Fondatrices de grands projets, il suffit de citer l’exemple de la compétition des deux sœurs Meriem et Fatima Al Fihria à construire la mosquée Al Andalous et la mosquée Al Karawiyine à Fès. La femme marocaine accomplissait le même rôle que celui de l’homme à différents niveaux… On la vu à côté de son époux comme conseillère, on l’a vu dans les domaines de la science où elle acquiert les connaissances et les transmet à d’autres foyers.
Lorsqu’on ouvre le livre de la civilisation féminine du Maroc, nous retrouvons la femme dans la liste des bienfaiteurs, des lectrices du Coran, des soufis, des spécialistes de la tradition prophétique, des copistes, des faqihs, des médecins compétentes, des savantes, des littéraires, des linguistes, des poètes, des musiciennes, des voyageurs, des diplomates, et des leaders politiques…
Au niveau de ma communication, je me suis limité à un document historique exceptionnel qui parle du secret d’une grande institution connue dans l’histoire du moyen âge comme un centre qui accueille les hommes importants du pays et les grands invités qui viennent vers Fès la capitale scientifique. Il s’agit de la Zawiya Al Moutawakilia construite à l’époque des Marinides, au temps du roi Abou Inan Al Marini. La ville de Fès, attend de nous aujourd’hui qu’on la revitalise afin de la réhabiliter, comme elle l’a déjà été hier.

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