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Le Ramadan à l’ombre de l’église Saint Bernard

© D.R

En arpentant, comme Gervaise dans «L’Assommoir» d’Emile Zola, la rue de la Goutte d’Or à Paris, l’on est frappé par la diversité des cultures et des races. Par cette foule impressionnante de jeunes ados à la posture de Fifty Cents postés à l’entrée des immeubles avec, leur mine l’exprime largement, la terrible maxime du rappeur américain : «être riche ou mourir en essayant»
Une diversité de mines et de couleurs.  Des Tutsis, rescapés du génocide de 1994, au Bambara malien, éternel candidat à l’immigration en France, en passant par le Wolof, tenancier de restaurant, et jusqu’au Berbère, épicier du coin, il y en a de tous les goûts.
Les institutions caritatives islamiques  font leur travail pour que le ftour soit une réjouissance collective. Distribution de soupes à profusion va de pair avec des  réunions de plusieurs communautés pour des causeries religieuses dans des maisons instituées mosquées. Plus loin sur la rue Charbonnière, le restaurant marocain, appelé «Agadir», distribue gratuitement la «Harira».
Ici, deux mosquées se partagent les nombreux fidèles, beurs et blacks, d’origines diverses. Commençons par  la mosquée située à l’angle (légèrement obtus) formé par la rue Polonceau et la rue des poissonniers, artère qui mérite bien son nom, ayant inspiré à Gaston Kelman dans «Je suis noir et je n’aime pas le manioc», l’un des chefs d’œuvre de la littérature française épicée à la sauce africaine.
Sur cette rue, plus africaine que gauloise, on trouve en ce début de Ramadan, tous les ingrédients d’une bonne rupture de jeûne sous les tropiques. Il y a de tout. Du guéjjé (poisson séché sénégalais) au quinquéliba (tisane malienne), en passant au boyé (pains de singe), au Jaabé (jujubes secs), au gombo  et au maïs. Mais, comble du paradoxe, les vendeurs de ces nourritures importées des profondeurs de l’Afrique ne sont que Chinois ou Arabes. Ce que Gaston Kelman déplore haut et fort  dans son livre, à savoir que les Africains ne font que consommer et ne vendent pas leurs produits.
L’on trouve aussi dans cette rue des tissus Wax, des «brodés» pour femmes, tous vendus par des Maghrébins. Et quand on sait que tous ces tissus sont portés à 100% par des Subsahariennes, et jamais par une Chinoise ou par une Arabe, l’on comprend alors qu’à Barbès, l’on est dans une terre de paradoxes.
L’autre mosquée, également sans nom ou presque, se trouve sur la rue Myrha, pas loin de l’intersection avec la rue Léon. Cette rue Myrha contribue elle aussi également à la "Réputation de la Goutte d’Or" de terre de croisement. Ici, mieux vaut parler  le "ghanaén" pour s’y sentir à l’aise.
Pour se rendre vers cette dernière mosquée, les fidèles sont obligés de forcer le passage entre plusieurs commerces, illicites pour la plupart, en résistant à l’appel de pieds de plusieurs dealers potentiels. Seul avantage sur cette rue Mhyra, l’on est à portée de voix des deux mosquées, proches l’une de l’autre de 150 à 200 mètres. Entre les deux institutions musulmanes, et légèrement décalée, l’on trouve la fameuse église Saint Bernard où l’Abbé Pierre avait lancé son poignant appel pour les sans-papiers.
Plus de dix ans après, Barbès mélange toujours ses deux faces. La face pieuse avec ses deux mosquées et son église-musée et la face sombre avec les histoires de petits larcins et de dealers.  Durant le mois sacré, les nombreux attroupements de fin de journée donnent aux voleurs, l’occasion de rattraper leur retard. Pour une après-midi de Ramadan, il  est quasi impossible de se frayer un passage entre le métro Château Rouge et Barbès.

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