Economie

L’Agroalimentaire face à la concurrence Arabe

Passés presque inaperçue, les accords de libre-échange entre le Maroc et certains pays arabes commencent à faire parler d’eux. Il s’agit de deux accords distincts. Le premier a été signé entre le Maroc et les Emirats Arabes Unis. Le deuxième a été conclu avec la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie. Paraphés en dehors de toute concertation avec les opérateurs économiques, selon les dires de ces derniers, ces accords suscitent plus d’une protestation. La manière avec laquelle les négociations qui ont abouti à la conclusion de ces accords laisse les professionnels, plus particulièrement ceux opérant dans les domaines agricoles et agro-industriels, perplexes et pour cause. Leurs secteurs d’activité seront touchés de plein fouet, laissent échapper certains responsables au sein de la Fédération nationale d’agro-industrie, FINAGRI.
«Autant, les accords de libre-échange ou d’association qui ont été conduits avec l’Union Européenne et les Etats-Unis ont été mis sous la loupe et ont fait l’objet d’une large concertation avec les opérateurs économiques, autant ceux paraphés avec les pays arabes ont été concoctés rapidement et hasardeusement». Ces derniers n’ont pas fait l’objet d’études approfondies ni d’ailleurs de négociations poussées.
On est loin des négociations marathoniennes conduites dans le cadre de l’établissement de l’accord d’association avec l’Union Européenne. Pour ce qui est des zones de libre-échange avec les pays arabes, notamment l’accord quadripartite avec la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, à titre indicatif, stipule une ouverture quasi-immédiate des frontières (10% la première année, 5% l’année suivante et un démantèlement complet en 2005). Celui avec les EAU est à 80% du démantèlement alors que celui passé avec les pays de la Ligue arabe en est à 70%. L’ensemble des opérateurs s’accorde à dire qu’il aurait des conséquences «désastreuses».
Certes, les pays arabes en question ont un niveau de développement comparable au nôtre, il n’en reste pas moins qu’ils ont un avantage concurrentiel de taille : ils ne payent pas les droits de douane sur les intrants agricoles. Ce qui n’est pas le cas des entreprises marocaines qui continuent d’être largement taxées sur la matière première (plus de 120% sur le sucre, jusqu’à 110% sur les produits laitiers et 90% sur le blé et ses dérivés). Ceci sachant que la matière première et les produits semi-finis constituent 50% et parfois plus, du prix de revient du produit. S’ajoute l’énergie que les industriels paient plus cher que leurs concurrents du reste des pays du pourtour méditerranéen. Autant dire que c’est l’hécatombe assurée.
L’exemple d’un produit comme le sucre en dit plus long. Cet élément de base, utilisé dans un biscuit ou dans une confiserie importée d’un pays arabe coûtera entre 1,50 Dh et 2 Dh le kg (c’est le prix du sucre sur les marchés d’approvisionnement internationaux); alors que les industriels marocains le paient 3,75 Dh/kg et la Caisse de compensation leur demande de payer de 2 Dh de plus. La différence est de 4 Dh.
Résultats, les produits agricoles et agroalimentaires se retrouvent dans une situation de concurrence jugée déloyale. Pour faire face à la situation, les opérateurs demandent à être mis dans des conditions similaires que leurs concurrents.
En attendant, les discussions ont été enclenchées avec les administrations de tutelle… Tardivement.

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