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7000 tours/minute : Le Mans 66

© D.R

Le Mans 66 est le titre officiel qui décrit brièvement l’histoire racontée : une course de voitures au Mans en 1966. Ni plus, ni moins.

1966 n’est pas une grande année historique. Dans le monde, cette année voit la création du Lesotho, un coup d’État en Argentine et le début de la révolution culturelle de Mao. De Gaulle voyage à Moscou après s’être retiré de l’OTAN. Important sans être décisif. Que dire du Mans ? La ville n’existe dans l’inconscient collectif que par sa cathédrale (un peu), ses rillettes (beaucoup) et sa course, légendaire depuis 1923 (passionnément). 1966 n’est qu’une des quatre-vingt-seize courses de son histoire. Cette année-là reste gravée dans les mémoires étasuniennes comme l’année où Ford entre dans la légende du Mans. En dire plus serait divulgâcher.

Histoire d’une vibration

Rassurez-vous, le film n’est pas vraiment une grande épopée hollywoodienne. La véritable histoire est celle d’une vibration. Celle tranquillisante du vrombissement d’un moteur. Celle qui enveloppe comme des bras rassurants. Celle-là même qui enivre les conducteurs de belles mécaniques et les autres amateurs de vitesse. Nombre de voitures ne passent pas les 7.000 tours/minute. Pourtant, porté par une autoroute déserte, chacun a pu se laisser griser, un court instant, par une vitesse illégale et déraisonnable. Ce film est un hommage à ceux dont le métier est de flirter délibérément avec le danger de la vitesse, sur une piste certes fermée, mais sans dangers. Le rapport à la boîte de vitesse se fait alors à l’oreille, de manière instinctive, presque animale. «C’est à 7.000 tours que tout commence».

Un duel entre Ferrari et Ford

Le film présente aussi un duel commercial entre Enzo Ferrari (Remo Girone) et Henri Ford II (Tracy Letts) sur une scène sportive qui ressemble fort aux prémices de la mondialisation actuelle. A coup sûr, les répliques du vieux Ferrari feront sourire les anti-américains. Les coups de colère de Ferrari et le coup de chaud de Ford sont une vraie réussite du film.

Un duo réussi entre Damon et Bale

Pourtant, le coup de génie du réalisateur étasunien James Mangold est bien d’avoir réuni à l’écran le duo Matt Damon et Christian Bale. Le premier interprète le directeur d’écurie Carroll Shelby, ancien pilote, cardiaque privé de course dans un bolide. Le second campe son pilote Ken Miles, un mécanicien génial et un pilote talentueux. Shelby persuade le patron de Ford de lui faire confiance malgré les oppositions dans l’entreprise familiale. Matt Damon est touchant dans ce rôle de roublard qui ronge son frein pour aller au bout de son rêve. Bale n’est pas en reste. Sa métamorphose, dont lui seul a le secret, est spectaculaire. Il incarne le pilote britannique dont il copie les mimiques les plus fines. Ses explications du circuit du Mans à son fils Peter (Noah Jupe) le rendent plus humain et font oublier ses coups de sang dans les paddocks.

Une compétition entre V8 et un V12

Les carlingues sont aussi un atout incontestable de ce film. Il semble évident qu’un film historique rassemblerait de belles carrosseries des années 60, promptes à ravir les nostalgiques des Trente glorieuses. Plus qu’un documentaire, James Mangold montre la genèse de la Ford GT40 et son V8, l’une des voitures de course les plus mythiques du XXe siècle. La fameuse Scuderia Ferrari est une rivale de choix avec ses courbes et son V12 rugissant. S’il est peu probable que les coureurs aient pu se regarder dans le blanc des yeux dans la ligne droite des Hunaudières, les courses restent très réalistes, y compris les arrêts dans les stands d’époque. Ce beau film de courses qui fait parfois penser à Rush (2013) de Ron Howard pourra satisfaire les hommes et les femmes aimant les belles mécaniques et les vibrations de la vitesse. A éviter soigneusement si vous êtes allergiques aux garages et à l’odeur de cambouis.

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