La FNBTP veut sa reconduction pour six mois de plus
Maux: Le secteur du BTP a du mal à sortir de la crise. A cet effet, sa fédération nationale veut une application stricte de la circulaire d’avril dernier par les maîtres d’ouvrage, outre sa reconduction.
Au-delà des crises de la Covid et de la guerre d’ukraine, le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics) souffre encore de maux. Cette fois-ci sa fédération nationale (FNBTP) les exprime haut et fort en conférence de presse jeudi dernier à Rabat en fin de journée. En clair, ses doléances ne vont pas à l’encontre de la circulaire d’avril dernier. «Il y a un fossé entre les décideurs et le terrain, notamment les maîtres d’ouvrage», constate le président de la fédération, Mohamed Mahboub, entouré d’autres membres lors de cette rencontre. A propos de la circulaire du chef de gouvernement, qui prévoit des mesures pour réduire l’impact de la crise, il estime que le gouvernement est «sensible». Cependant, il en est autrement dans le terrain. «Certaines mesures ne sont pas appliquées», avance-t-il.
Retombées fâcheuses
D’après lui, cette non-application donne lieu, entre autres, à la «résiliation de marchés». Une démarche qui met également en péril la situation financière œuvrant dans le secteur. C’est pourquoi la fédération demande la reconduction de la circulaire pour « six mois ». L’objectif étant, aux yeux de M. Mahboub, de «l’appliquer et en éclaircir les dispositions». Déjà, il rappelle la mise en place par le ministère de l’habitat d’une commission pour le suivi de l’application de cette circulaire. «Par contre, les maîtres d’ouvrage n’ont pas suivi ce document », tient-il à préciser tout comme d’autres membres présents à l’événement. Et ce n’est pas tout ! Le responsable ne manque pas de révéler avoir adressé au chef de gouvernement la liste des marchés qui n’ont pas respecté sa circulaire.
Entre-temps, il ressort la situation d’entreprises qui sont en redressement judiciaire et d’autres qui ont mis les clés sous le paillasson pour reprendre le jargon du BTP. Par contre, il ne livre pas de chiffres ni sur ces entreprises, ni sur leurs pertes en termes de chiffres d’affaires. De même, il révèle la rareté d’appels d’offres en 2022 si ce ne sont des projets déjà en cours. Aussi, le secteur bancaire est, d’après lui, «frileux» à l’égard de celui du BTP qui n’est plus solvable. «Les facilités sont réduites ou supprimées», indique-t-il. A propos des prix, il estime que «l’index ne bouge pas». Dans ce sens, il appelle à revoir les formules de révision des prix.
Des demandes exprimées par les autres membres lors de cette conférence dont l’un qualifie celle-ci d’appel de «détresse». Le manque d’activité des entreprises y est également pointé du doigt. Il y est même question d’examiner la possibilité d’aide sur le gasoil à l’instar de celle faite aux transporteurs. D’après un autre membre présent, le ministère de l’équipement est réceptif à ladite circulaire. Cependant, la FNBTP veut plus de maîtres d’ouvrage.
En prélude à cette rencontre, des correspondances sont déjà établies. La fédération souhaite recevoir une réponse à cela.
Les mesures dont la fédération veut l’application sur le terrain
Régularisation: D’après la FNBTP, les mesures non appliquées concernent la résiliation des marchés en cours sans confiscation des garanties pécuniaires. Elles portent entre autres sur la régularisation, par avenant, des délais d’exécution. «Certains maîtres d’ouvrages sont même allés jusqu’à introduire des clauses de renonciation. D’autres ont appliqué des pénalités de retard sur certains chantiers au cours de la période d’application de la circulaire», poursuit M. Mahboub. Par la même occasion, il déplore une lecture restrictive des dispositions de ladite circulaire à la défaveur de l’entreprise ainsi que la persistance du contexte économique inflationniste, voire le non-rétablissement de l’équilibre financier des marchés entre autres.