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Bush peut «torturer» selon la loi

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Selon une étude datée du 6 mars 2003 et révélée lundi dernier par le «Wall Street Journal», un groupe de juristes de l’Administration américaine estime que le président des USA peut légalement autoriser l’usage de la torture, en cas de nécessité. Ils ont affirmé que parmi les compétences du maître de la Maison-Blanche, en tant que commandant en chef des armées, est de mener la guerre et d’exercer l’interrogatoire des prisonniers. S’agirait-il d’indications sur les réflexions juridiques en cours au sein de l’administration Bush en ce qui concerne la guerre contre le terrorisme ? En tout cas elle semble prendre en compte à la fois les lois internes des Etats-Unis et les traités internationaux pour conclure que le président a de nombreuses raisons de disposer de la latitude juridique dans ce sens. Finalement, l’on se retrouve devant une autorité constitutionnelle face à laquelle, les textes, y compris les traités internationaux qui interdisent la torture deviennent inapplicables.
Les juristes, dont l’identité ne figure pas dans le corps du rapport qu’a pu se procurer l’Associated Press, faisaient partie d’un groupe travaillant sur la politique à suivre en matière d’interrogatoire pour les prisonniers soupçonnés de terrorisme et détenus à Guantanamo (Cuba). Ils comptent dans leurs rangs des avocats des départements de la Justice et de la Défense. Les juristes en question basent leur argumentation pour permettre aux Américains de commettre des crimes dans le cadre des interrogatoires sur trois concepts. D’abord l’autorité absolue conférée au président pour mener une guerre. Et de ce fait, toute tentative du Congrès ou de la Justice pour mettre en cause les procédures d’interrogatoire revient à s’ingérer dans les plans de bataille. Ensuite, il s’agit de nécessité. Autrement dit, le fait de frapper ou même tuer une personne pour en sauver au moins deux, est justifié.
Le troisième argument est relatif à l’autodéfense. C’est-à-dire que l’interrogatoire violent d’un prisonnier dont on pense qu’il dispose d’informations importantes sur une attaque terroriste imminente est comparable au fait de tirer sur une personne qui vous met en joue.
Ces arguments, le porte-parole du Pentagone, Lawrence De Rita, les a présentés comme une analyse juridique, qui fait partie intégrante d’un débat interne à l’Administration Bush sur les moyens d’obtenir des renseignements de la part de membres d’Al Qaïda détenus aux Etats-Unis, dans le cadre d’un «traitement humain». De tels renseignements, a-t-il rappelé, servent à prévenir des attaques terroristes. Mais, Mary Ellen O’Connel, un professeur de droit international à l’université de l’Etat de l’Ohio, considère que ces arguments sont peu convaincants, voire «absurdes».
Le général James T. Hill, qui a autorité sur la base de Guantanamo, a affirmé la semaine dernière que les «interrogateurs» de la base n’utilisaient ni chiens ni drogues pour obtenir des renseignements.
Néanmoins, dans leur étude de 2003, les juristes suggéraient que le gouvernement pourrait avoir le droit d’autoriser le recours à certaines injections de drogue durant les interrogatoires, du moment qu’elles «ne perturbent pas profondément les sens ou la personnalité». Le Pentagone a finalement adopté une série de 24 méthodes d’interrogatoire pouvant être utilisées à Guantanamo, a expliqué le porte-parole, ajoutant que 17 sont des techniques et «trucs» psychologiques décrits dans les manuels militaires de terrain. Quant aux sept autres, elles consistent notamment à isoler les prisonniers, à modifier leur régime alimentaire (tout en leur donnant la nourriture adaptée à la survie) et à mener des interrogatoires de vingt heures d’affilée jusqu’à trois jours de suite. Quatre de ces sept mesures requièrent au moins un accord implicite du secrétaire à la Défense. «Je pense que le peuple américain les trouverait parfaitement raisonnables» a déclaré M. De Rita. «Il n’y a rien là-dedans qui implique d’infliger volontairement des souffrances». Dans le même ordre des choses, le journal «The Washington Post» affirme dans sa livraison de mardi que le département américain de la Justice estimait en août 2002 dans un mémo adressé à la Maison-Blanche que le recours à la torture dans la lutte contre le terrorisme pouvait être justifié par des arguments de légitime défense. Ce document, rapporte le journal, avait été adressé au conseiller de la Maison Blanche Alberto Gonzalez par les services juridiques du ministère de la Justice en réponse à une demande de la CIA sur les règles à observer pour les interrogatoires.
En fait, ce serait honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n’en aient pas.

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