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Sécurité alimentaire en Afrique

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Inflation 
Il est aujourd’hui crucial pour tous les pays de prendre des mesures supplémentaires pour garantir aux pays en développement importateurs nets de produits alimentaires un approvisionnement suffisant à des prix abordables.

Quand on analyse la situation du monde aujourd’hui, nous sommes face à un tournant historique qui exige une lecture particulière des réalités géopolitiques et géostratégiques. La crise financière mondiale, la récession économique globale, le retour de la guerre en Europe et l’impact dévastateur de la pandémie ont engendré une inflation des prix alimentaires intérieurs à travers le monde. Un constat sans appel qui frappe tous les continents, mais qui est beaucoup plus violent pour les pays les moins développés.

Selon les dernières données mensuelles disponibles pour la période comprise entre décembre 2022 et mars 2023, les chiffres font état d’une forte inflation alimentaire dans la quasi-totalité des pays à revenu faible et intermédiaire. Cela se traduit sur le terrain des réalités par 82,4% des économies à faible revenu, 93% des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 89% des économies à revenu intermédiaire supérieur, qui ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5%.

Pire, un grand nombre de ces pays affiche même une inflation à deux chiffres.
Par ailleurs, il faut aussi noter qu’environ 87,7% des pays à revenu élevé traversent une forte inflation alimentaire. Les pays les plus touchés se situent en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Asie du Sud, en Europe et en Asie centrale.
Toutes ces régions du monde payent aujourd’hui un lourd tribut à une combinaison d’éléments négatifs qui ont profondément impacté leurs économies, et ce, dans presque tous les domaines et à tous les niveaux.

Dans cette crise systémique qui place plusieurs économies mondiales face à des équations inextricables, surtout que la crise énergétique pèse de tout son poids dans la balance des équilibres des marchés, ce qu’il faut relever c’est que les indices des prix agricoles et des céréales clôturent constamment à plus 2% par rapport aux niveaux enregistrés durant les derniers mois. Ceci, au moment où les prix des exportations ont été d’une hausse de 2% .

À titre d’exemple, et pour être concret, les cours du maïs, du blé et du riz sont tous orientés à la hausse, à plus 3% , 2% et 1% respectivement. Ce qui représente une augmentation considérable proportionnelle au flux des commandes et des disponibilités. L’autre point important révélateur de l’état actuel des marchés et des dangers qui planent sur la sécurité alimentaire dans plusieurs zones du globe, c’est que par rapport aux prix enregistrés en janvier 2021, les cours du maïs et du blé enregistrent une hausse de 26% et 7% respectivement, et ceux du riz une baisse de 5% . Dans ce sens, la dernière édition du bulletin de veille du Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS), publiée en avril 2023, fait état d’une légère baisse, au cours des dix derniers mois, des prix mondiaux des céréales et des oléagineux, qui retrouvent progressivement leurs niveaux d’avant la guerre en Ukraine.

Mais l’installation dans la durée de cette guerre, avec tout ce que cela implique comme perturbations majeures au niveau des circuits logistiques d’approvisionnement, menace toujours de nouvelles hausses en fonction des décisions prises par la Russie. Même si la prolongation de l’Initiative céréalière de la mer Noire, le 18 mars 2023, laisse entrevoir une reprise régulière après les chocs des prix alimentaires de l’année écoulée, les fluctuations boursières, elles, ne se fient qu’au long terme, ce qui demeure une inconnue pour l’économie mondiale aujourd’hui, placée sous le régime de la guerre et d’une grande crise énergétique.

C’est dans ce sens qu’il est aujourd’hui crucial pour tous les pays, dans tous les continents, de prendre des mesures supplémentaires pour garantir aux pays en développement importateurs nets de produits alimentaires un approvisionnement suffisant à des prix abordables. Car, malgré son renouvellement pour une période de 60 jours, l’Initiative de la mer Noire n’atteint pas son plein potentiel et reste en-deçà des attentes dans des régions comme l’Afrique, qui paie plus cher que les autres régions du monde secouées par la crise.

En cause, il y a, certes, les goulets d’étranglement, avec des ralentissements dans les inspections des navires et des coûts d’assurance élevés, mais il y a surtout la fragilité de cet accord céréalier pour l’Ukraine, la Russie et le reste du monde, une situation précaire qui peut très vite basculer dans un arrêt net d’exportations. D’où l’urgence de trouver des solutions durables et surtout fiables pour faciliter le commerce en mer Noire, devenue aujourd’hui la plaque tournante de l’économie mondiale.

Cette situation demeure incontrôlée et incontrôlable, malgré les prévisions du département américain de l’agriculture, qui annonce que l’Ukraine table sur une production d’environ 75 millions de tonnes de blé, d’orge, de maïs, de graines de tournesol, de colza et de soja sur la campagne 2022/23.
Ce qui est déjà une forte baisse estimée à 31% par rapport à 2021/2022. C’est dire que rien n’est assuré, surtout que la guerre perturbe les récoltes sans compter les aléas du climat et les fortes pluies qui ont endommagé une partie des récoltes.

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