Coulisses animées d’un stress maîtrisé

Vendredi 1er mai, J moins 1, Kamel Ouali, directeur artistique de Caftan 2009, rassemblait les mannequins pour les dernières répétitions avant le grand défilé. Les mannequins semblaient exténués, voire extrêmement surmenés, mais ils ont tenu le coup dans l’espoir de réussir la soirée du défilé . Dans les coulisses, on pouvait entendre quelques commentaires sur un mouvement mal fait, ou une marche peu féminine. Dévoiler l’élégance a été l’objectif de Kamal Ouali. Il a même choisi des modèles avec un corps un peu rond pour valoriser le caftan. Selon lui, cet habit exige un corps à l’oriental pouvant perfectionner la beauté des broderies et des «sfifas». Une marche spéciale rimant avec le tissu majestueux du caftan, pour se la jouer parfaitement. Les mannequins marocains ont bien saisi ce que leur boss leur demandait, mais les Européennes ont sollicité plus d’explications en ce sens. Des menaces de démissions ont été l’arme des surmenés pour gagner une demi-heure de pause. Hélas, à la veille du défilé, chaque minute compte énormément.
Samedi 2 mai, le jour tant attendu, les organisateurs ont été à bout des nerfs. Les mannequins commencent leurs prépas. Côté coiffure, deux équipes ont partagé la lourde tâche de parfaire la coiffe et l’adapter aux caftans du 13ème défilé. Une équipe n’a été chargée que du brushing, l’autre a fait appel au talent dans son plus pur état pour réaliser de magnifiques chignons.
La séance de coiffure a commencé très tôt avant l’heure du défilé. L’équipe de coiffeurs et coiffeuses accueillait les mannequins avec un sourire discret. Durant cette séance, ces pros essayaient de créer une coiffe différente pour chaque mannequin en appliquant les dernières manœuvres en termes de coiffure.
Après, c’était au tour des maquilleuses de suivre les directives du directeur artistique et des stylistes. Leur première tâche était de relever le regard, camoufler les yeux cernés, couvrir les boutons et embellir les visages.
Les mannequins étaient enfin prêts pour une dernière répétition avant le défilé. Il est vrai que ce n’est pas facile d’aller et venir sur le podium en portant de longs talents et un caftan parfois très long et surtout lourd.
Les stylistes faisaient une dernière inspection sur leurs créations et veillaient au moindre détail. Ils ajoutaient une touche finale aux cheveux coiffés et bijoux portés. Une demi-heure avant l’événement, les coiffeurs maquillaient les lèvres, le directeur artistique comptait les secondes et donnait ses dernières instructions, il connaissait bien le point faible de chaque mannequin. Il insistait, avec un air assez calme, sur tout l’enchaînement.
Les mannequins, habilleuses et coordinateurs se bousculaient, mais chacun savait parfaitement sa tâche et se concentrait pour ne pas perdre son sang froid dans l’espérance de réussir ce défilé à merveille.
De l’autre côté des coulisses, une autre équipe s’acharnait à préparer le dîner de gala, programmé juste après le défilé. La création a été le mot magique du traiteur. Pour suivre le caractère de l’événement, celui-ci a fait un petit caftan constitué de fleurs et roses et a posé cette œuvre d’art en plein-centre du buffet. Quant aux serveurs, ils n’ont pas arrêté une seconde de bouger, mais toujours en faisant preuve de savoir-faire remarquable. Le chef, une femme, surveillait tout, de l’aménagement des boissons aux tenues de ses collaborateurs. Bien préparée pour ce genre d’événements, Soumia suivait chaque membre de son équipe. Elle n’oubliait aucun élément pouvant blâmer son entreprise. Soumia était sûre que le dîner de gala sera un succès. Elle contrôlait avec son supérieur l’agencement d’argenterie, de coutellerie, de cristallerie et de linge de table. Des constituants minutieusement choisis pour plaire aux invités raffinés et exigeants.
Grâce à son ampleur et l’impact attendu, le caftan occupe une place particulière dans la mode marocaine et internationale. D’ailleurs, l’événement est désormais référencé au sein de l’univers de la mode, comme l’unique défilé où les stylistes offrent une allure marocaine aux traditions vestimentaires adaptées aux nouvelles tendances de la haute couture. Dans sa 13ème édition, l’événement Caftan se devait être parfait et ne permettait pas la moindre erreur en termes d’organisation, de création et de direction artistique.
Les mannequins défilaient un après l’autre. A chaque fois que l’un d’eux rejoignait les coulisses épuisé et respirant difficilement, il était reçu avec des applaudissements. L’une après l’autre, ces filles changeaient de caftan et parfois de maquillage pour enjoliver au maximum la tenue portée. Le défilé était terminé, la joie, ou même l’euphorie se manifestait sur les visages du staff, la mission a été bien accomplie et le public était ravi du spectacle. Kamal Ouali félicitait chaque mannequin et le stress a aussitôt disparu. Un travail à la chaîne a ordonné toute l’organisation de la 13ème édition de Caftan. Afin de parfaire le défilé de renommée internationale, des sentiments d’angoisse et de joie apparaissaient puis s’évaporaient à la fin du défilé. La fête a été bien méritée, puisque le staff de Caftan 2009 avait encore une fois réussi la rencontre annuelle de la haute couture marocaine.