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Lucinda Williams : Essence
Alors que son ami et précédent producteur, Steve Earle, publiait un album sur la transcendance, Lucinda Williams écrivait les chansons de son petit dernier, baptisé Essence. Nous sommes, avec de tels artistes, au plus près de la vision artistique dont peut être capable un musicien que l’on qualifiera par commodité de folk. Le folk étant le genre musical qui s’intéresse le plus à la vie des gens ( the folks…). Or, aujourd’hui, en dehors de Lucinda Williams et de ses peintures au trait de la personne humaine, on peine à trouver dans ce domaine des concurrents crédibles. C’est que Lucinda, avec sa voix enrouée, libère tellement d’émotion que l’auditeur même non anglophone est frappé, sans réaliser ce qui lui arrive. Cet album arrive à point nommé pour souligner combien de telles chansons, douloureuses et chargées d’espoir, sont vitales. L’exigence de Miss Williams la conduit à s’entourer des hommes les plus près de son langage pur. C’est ainsi que l’on entend ici des guitares d’apparat, loin du clinquant des studios en son surround, au service de compositions à la force mélodique imparable. On n’écoute pas une chanson comme "Essence" impunément. Les autres sont tout aussi prédatrices. Les âmes sensibles sont prévenues. Simplement il y a des douleurs plus bienfaisantes que bien des caresses. Folk alternatif. Les compositions de Lucinda Williams, tout comme ses arrangements, se veulent artisanales. La conséquence en est une musique introspective, essentiellement acoustique, oscillant entre folk et de délicates tonalités country. Mais Mrs Williams est avant tout une chanteuse et, à cet égard, la production dépouillée de Essence met merveilleusement en valeur la qualité atemporelle de sa voix et la méticulosité de son phrasé.


 The JayHawks : HolLywood Town Hall
Le courant de ce qu’on appelle l’alternative country n’a pas produit d’album aussi bouleversant. Les Jayhawks ont apporté à chaque instant du disque un soin méticuleux, pour lui donner cette puissance de conviction, tout en laissant intacte l’émotion des mots et l’apparente légèreté des arrangements. Ce sont des guitares carillonnantes qui répondent à d’amples harmonies vocales, de telle sorte que l’équilibre des unes avec les autres s’établit autour de la beauté fluide des mélodies. Les tempos ne s’emballent pas, et les sons coulent avec grâce, traversés par des éclairs électriques, des solos de guitare dignes de Neil Young dans "Take Me With You When You Go" et dus au très inspiré Gary Louris. Après avoir oeuvré dans l’ombre pendant 6 ans, ce quatuor de Minneapolis fut remarqué par un gros label qui lui donna avec cet album la possibilité de réaliser un projet à la mesure de son talent. Le résultat ne déçoit pas, le groupe propose une parfaite équation entre des vocaux les plus expressifs, des mélodies caramel, légèrement acides, et des arpèges en 12 cordes, le tout ravivant avec malice la mémoire des Byrds.


Mahalia Jackson : The Gold Collection
Une des plus grandes voix américaines de l’histoire de la musique, Mahalia Jackson est la chanteuse de gospel, par excellence, supplantant toutes les autres grandes voix noires. Originaire de La Nouvelle-Orléans, elle rejoint Chicago comme tant d’autres artistes du Sud, où elle continue de chanter dans les églises et rejoint un groupe de gospel local, les Johnson Singers. Quelques années plus tard, elle se lance dans une carrière en solo, dont les débuts sont ici représentés, sous forme de compilation double CD aux notes de pochette extrêmement précises. Intègre et passionnée, Mahalia Jackson se donne pleinement lors des performances vocales ici présentes. Un must.


 Little Richard : The essential
Peu soucieux du protocole, Little Richard se sera très tôt coiffé de la couronne de roi du rock’n’roll. Quand on sait que le titre revenait à Elvis, on mesure la gravité du crime. Lèse-majesté, pour le moins, mais Richard Penniman n’a jamais été à un forfait près. Et les joyaux de la couronne présents sur ce CD expliquent combien le délit n’en est pas un. Et pourquoi le "Petit Richard" ne pouvait vraiment craindre de rival sur ce territoire qu’il a lui-même défini et qui était celui du rock’n’roll surexcité, balancé comme un cri d’alerte, un appel urgent à l’insurrection gratuite. C’est le gospel fervent qui brûle dans cette voix de sauvage impénitent et lubrique. L’intro de "Long Tall Sally", ou plus encore, celle de "Tutti Frutti" sont des moments d’anthologie. Des fragments d’histoire, en instantanés furtifs et irremplaçables. Incorrigible pourvoyeur de frissons coupables, Little Richard profère ces histoires comme des prêches païens. À l’époque de ces "Good Golly Miss Molly" et "Lawdy Miss Clawdie", l’âme – la soul, un mot arrimé à sa musique comme lui à son piano – de Little Richard ne valait pas cher. C’est donc une sorte de messe, avec ses incantations et ses prières, que l’artiste sert dans ce recueil. Un missel jouissif, avec quelques psaumes bien sentis, et totalement décapants.

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