Aujourd’hui Le Maroc : Vous avez débuté votre carrière, il y a de cela plusieurs années, pourtant vous n’en êtes qu’à votre troisième one-man-show. Comment expliquez-vous cela ?
Gad El Maleh : Quand on dit Gad a réalisé trois spectacles, le chiffre trois n’est pas énorme. Mais écrire un spectacle cela nécessite au moins deux ans pour être sûr de son coup. Moi j’ai besoin d’essayer, de tester mes spectacles en public. C’est une manière d’y revenir et de perfectionner ses rôles pour améliorer la qualité du spectacle. Un one-man-show nécessite beaucoup de temps pour être rôdé. Moi je trouve que c’est déjà pas mal d’avoir créer trois spectacles : « Décalages », « La vie normale » et enfin « L’autre, c’est moi ». Il ne faut pas oublier également que j’occupe mon temps à faire des films aussi. Donc je dois gérer mon temps. En fait, je travaille sans cesse. Quand j’arrête de travailler, je suis malheureux. Ma plus grande peur, c’est de me retrouver seul avec moi-même.
Le personnage de Mme Tazi de votre premier one-man-show : «Décalages» est enseigné comme exemple dans une des facultés de Casablanca. Comment réagissez-vous à cela ?
J’ai lu ça en fait dans un article sur un journal. D’après ce que j’ai compris, l’enseignante a choisi d’étudier le texte de Mme Tazi et de «Chouchou» également pour décomplexer les gens par rapport à la langue française qui ne cesse d’évoluer. La professeur a voulu que ses étudiants apprennent ce côté réinvention de la langue. Lorsque j’ai eu écho de ça j’ai été très honoré. Ceci étant donné que je considère que je n’ai rien appris à l’école, je n’ai jamais été brillant. Là quand je vois qu’on enseigne mes textes, je suis très flatté. Je trouve que c’est inintéressant de travailler sur des textes écrits à partir d’éléments vivants de la vie quotidienne.
Ne pensez-vous pas ressusciter le personnage de Mme Tazi, comme ce fut le cas de Chouchou et d’en faire un film ?
Ce serait pas mal. Mais dans ce cas, on devrait réaliser un film qui s’adresse uniquement à la société marocaine, puisque Mme Tazi est un personnage typique. Pour que ce personnage puisse être visible partout, et qu’il devienne universel, il faudrait modifier le scénario. A ce moment, on peut envisager cette thèse. Mais pour être franc, je n’y ai jamais pensé.
Vous admettez vous-même que vos spectacles exigent une grande force physique. Quel est votre secret pour vous maintenir en forme ?
Rien. Moi ma meilleure drogue c’est le public. Ce sont les spectateurs qui me donnent de l’adrénaline, de l’énergie. Le public me transmet de la force. Mais à y réfléchir, je m’entraîne toute l’année. Je ne fais pas de sport, mais, à force d’être tous les soirs sur scène, je fais de l’entraînement sans vraiment le vouloir. Par contre, lorsque j’arrête de jouer, c’est une catastrophe. Je sens la fatigue me gagner très rapidement. Par exemple, quand je joue six mois et je m’arrête pendant un mois pour des vacances, c’est horrible.
L’improvisation a un rôle très important dans tous vos spectacles. Mais où se situent vos limites ?
Contrairement à ce qu’on pense, il y a dans l’improvisation une certaine rigueur. Les moments d’impro sont bons et réussis quand ils sont justifiés et quand on surprend le public. Je crois qu’il y a des limites dans l’improvisation. On le sent. La seule chose c’est quand l’idée d’impro commence à s’épuiser un peu, il faut revenir au texte. Dès qu’il n’y a plus de grâce et de magie dans l’impro, il faut s’arrêter pour ne pas ennuyer le public.
Quelle est votre prochaine étape dans votre parcours artistique ?
Avant de venir au Maroc pour mon dernier one-man-show, je venais à peine de terminer le tournage d’un film avec Depardieu et un autre avec le réalisateur Francis Weber. Le deuxième film est une comédie et j’y interprète le personnage naïf de Pignon.