ALM : Vous venez de déclarer que l’option du référendum au Sahara était inapplicable. Pourquoi à votre avis ?
Fernando Fernandez Martin : Il faut remettre mes déclarations dans leur contexte. Personnellement, je trouve que cette option est difficilement applicable pour la simple raison qu’il faut, au préalable, recenser ceux qui ont le droit de voter. Le recensement effectué par les autorités espagnoles ne peut être d’aucun secours dans ce sens car il est devenu obsolète. Cela se complique davantage quand on sait que le recensement voulu et souhaité par le Maroc ne pourrait être accepté par le Polisario pour multiples raisons.
Le Maroc a toujours demandé un nouveau recensement et c’est le Polisario qui s’y oppose…
Le Maroc a effectivement présenté plusieurs requêtes dans ce sens et depuis plusieurs années, mais ce dossier n’a pas du tout évolué. Les conditions ne sont pas réunies pour une telle opération et j’espère qu’on pourra déboucher prochainement sur un consensus permettant aux Sahraouis, de l’intérieur comme de l’extérieur, d’exprimer leur avis.
Quelle évaluation faites-vous de l’offre d’autonomie faite par le Maroc ?
Je connais très bien le modèle espagnol avec ses aspects positifs et négatifs. Après 25 ans d’application, je peux dire que cette expérience est plutôt positive. A mon avis, je pense que les Marocains doivent rechercher le modèle qui leur convient le plus. Avant toute chose, il doit y avoir une volonté de parvenir à une solution et un dialogue franc entre tous les concernés. Les Sahraouis, là où ils se trouvent, doivent être capables de participer à un dialogue démocratique.
Pour le moment, le Polisario entrave même les visites familiales qu’il a décidé de suspendre de manière unilatérale. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est une grave erreur qui ne favorise en rien l’aboutissement à une solution acceptable pour tous. A mon niveau, je vais saisir la Commission européenne au sujet de ces familles vivant un déchirement depuis trente ans.
Vous étiez parmi les parlementaires européens soutenant ouvertement le Polisario. Pourquoi avez-vous changé d’attitude ?
Nous formions, au niveau du Parlement européen, un inter-groupe de solidarité avec les Sahraouis, mais nous avions presque dissous cette structure quand le Polisario avait menacé de reprendre les armes. Je juge qu’un tel scénario serait la plus grande erreur. Laissez-moi encore préciser que nous ne soutenions pas le Polisario, mais les Sahraouis dont nous sommes les amis. Il y a là une petite nuance à préciser.
Justement, plusieurs franges de Sahraouis affirment que le Polisario ne les représente pas. Qu’en dites-vous ?
Les Nations Unies traitent avec le Polisario depuis trente ans en tant que représentant de ce qu’on appelle le peuple sahraoui et cette position est restée inchangée. Ma conviction est que plusieurs Sahraouis ne se sentent pas, ou plus, représentés par le Polisario, mais les choses vont ainsi. C’est une situation assez dramatique. Je pense aussi que le Polisario, qu’on pourrait assimiler à ces partis uniques qui ont fait tant de malheurs en Afrique, doit un certain éclat à un système de propagande très fort qui lui permet une visibilité dans plusieurs coins du monde.
Ne croyez-vous pas que des pressions d’Alger sur le Polisario pourraient aider à trouver une solution du conflit ?
Il est clair que l’Algérie, si elle en a une réelle volonté, pourrait jouer un rôle important dans la résolution de ce conflit. Malheureusement, et jusqu’à ce jour, sa position n’a nullement évolué. Elle continue à apporter un soutien total au Polisario.
Fernando Fernandez Martin en quelques dates
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