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L’attraction universelle
«À l’angle de la Brasserie Météore, Bijou tendit le bras vers une vaste étendue de mâchefer et de gravats où les scrapers avaient creusé un lac artificiel.
– Regardez ? dit-il Papa et Maman se tournèrent vers l’endroit qu’il indiquait. Sur l’eau noire il y avait un couple de mouettes rieuses. Deux taches blanches et délicates dans ce pays de suie. Soudain, elles s’envolèrent. Bijou, qui ne désirait rien, désira quelque chose pour la première fois. Il voulait être une mouette, celle qui passait au-dessus de lui, légère, et se perdait dans le ciel d’ardoise». Depuis déjà trois ou quatre ans Bijou vit en pension à Denain, chez Bonne Maman, quand ses parents viennent le rechercher. Son père a trouvé du travail dans le Sud, dans une raffinerie, et, avec sa mère, ils veulent l’emmener pour commencer une nouvelle vie, réunir la famille, repartir d’un bon pied.
Le paradis annoncé n’est pas au rendez-vous. À peine installés dans une maison en rase campagne, la raffinerie se met en grève et Papa, accaparé par la lutte, laisse Bijou et Maman face à face, dans un terrible tête à tête sans pitié ni merci. L’Attraction Universelle a été publié une première fois en 1990. On y retrouve le style et la force qui ont fait le succès de Les Vivants et les Morts . Gérard Mordillat est romancier et cinéaste.
Il a, entre autres, publié Vive le sociale !, Rue des Rigoles et Les Vivants et les Morts (Prix RTL-Lire 2005). Il est l’auteur, avec Jérôme Prieur, des séries télévisées Corpus Christi et L’Origine du christianisme et de deux essais, Jésus contre Jésus et Jésus à près Jésus.

Gérard Mordillat, «L’attraction universelle», Calman-Lévy, 2006, 287 pages


Les derniers jours de la déesse
En Inde, c’est une déesse. On l’appelle Amma, la Mère. Aujourd’hui, elle a décidé de mourir, de quitter son corps vieillissant, de laisser l’ashram et ses disciples et de rejoindre son bien aimé, sa moitié divine. Sur le bord de la mer de Coromandel où l’on vénère désormais leur double tombeau. Une voix mène l’enquête et interroge ceux qui ont connu la Mère : ses disciples, ses fidèles compagnons, le consul général de France, le Pandit, ses ennemis, sa famille, les témoins de sa vie officielle ou secrète. Au fil des entretiens se dessine le portrait fascinant d’une femme au destin exceptionnel, Rachel Ephraïm. Comment cette femme, juive d’Égypte, ancienne cantatrice à la vie agitée, est-elle devenue déesse en Inde? Pourquoi sa mort est-elle entourée d’ombres ? De Villanour à Delhi, en passant par Darjeeling, jusqu’à Haïfa, en Israël, et le Val de Loire, en France, l’enquête, qui réserve bien des surprises, se révèle passionnante. Elle nous plonge dans l’Inde du Sud mystérieuse et mystique, profondément sexuelle, qui émerveille par la beauté de ses rizières et l’intensité de ses villes.

Catherine Clément, les derniers jours de la déesse, Stock, 2006, 279 pages


L’empire Gréco-romain
La séparation des chaires de grec et de latin au sein de l’Université française perpétue le mythe d’une distinction, voire d’une opposition, entre " la Grèce " et " Rome ". Pourtant, l’Empire dit " romain " fut en réalité gréco-romain à plus d’un titre. Et d’abord par la langue. Certes, la langue véhiculaire qu’on pratiquait dans sa moitié occidentale était le latin, mais c’était le grec autour de la Méditerranée orientale et au Proche-Orient. Ensuite, la culture matérielle et morale de Rome est issue d’un processus d’assimilation de cette civilisation hellénique qui reliait l’Afghanistan au Maroc. Enfin, l’Empire était gréco-romain en un troisième sens : la culture y était hellénique et le pouvoir romain ; c’est d’ailleurs pourquoi les Romains hellénisés ont pu continuer à se croire tout aussi romains qu’ils l’avaient toujours été. Le présent volume entend suggérer, à coups d’aperçus partiels et de questions transversales, une vision d’ensemble qui ne soit pas trop incomplète de cette première " mondialisation " qui constitue les assises de l’Europe actuelle. Paul Veyne est né en 1930 à Aix-en-Provence. Elève de l’Ecole normale supérieure, puis de l’Ecole française de Rome, il a été nommé professeur d’histoire romaine au Collège de France en 1975. Il a publié notamment, au Seuil, Comment on écrit l’histoire, Le Pain et le Cirque, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?

Paul Veyne, « L’empire gréco-romain », Seuil, 2005, 874 pages


Une si douce impatience
«Le silence et l’obscurité. Enfin ! C’est ainsi que, dès l’enfance, je m’étais imaginé d’habiller un jour le bonheur. Je n’ose y croire. Il est si tard en cet automne où mon âge a jauni. Le tumulte en moi semble s’être retiré. L’esprit à marée basse ne demeure que la vase des souvenirs. Ces clowns blancs de la mémoire. Et ces visages épinglés dans mes yeux tels des papillons aux ailes enfin orphelines. Est-ce un armistice avec mes sens ? Je me sens presque bien. Détendu. Soulagé d’un poids qui n’était pas mien. La curiosité l’emporte bientôt sur la passivité. Mes mains furètent au hasard, s’égarent et se heurtent partout à des parois en bois. Peaux desséchées sur lesquelles mes ongles glissent sans arriver à s’accrocher. Une cellule en pente douce. Je suis cerné. Surtout ne pas se débattre. Refuser de singer l’Homme et ses stériles agitations. Tout horizon n’est qu’un cul-de-sac. Une oasis en carton-pâte. Un décor de cinéma. » Du fond de son cercueil, le narrateur, personnage d’un certain âge, misanthrope, cynique, et qui a une passion pour la boisson, sait qu’il lui reste une heure à vivre. Suspendu entre la vie et la mort, les souvenirs vont bon train. Il voit défiler devant lui les êtres qui ont animé sa vie. Pierre Drachline est écrivain, éditeur et critique littéraire. Il est l’auteur, entre autres, de Une enfance à perpétuité, L’Enchantée et Le Grand Livre de la méchanceté.

Pierre Drachline, Une si douce impatience, Flammarion, 2006, 200 pages

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