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1,5 million sont concernés : Ce que recommande le CESE pour l’insertion sociale et économique des jeunes NEET

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Les jeunes NEET ont une structure marquée par un taux de féminisation très important avoisinant les 72% et une prédominance des jeunes inactifs, à hauteur de 70%. 

Avis : Un jeune marocain sur quatre, entre 15 et 24 ans, se trouve dans une situation de NEET (ni à l’emploi, ni en éducation, ni en formation). Pour résorber ce phénomène et faciliter l’inclusion socio-économique de cette catégorie, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a émis plusieurs recommandations dans un avis. Les détails.

Le Conseil économique, social et environnemental vient de publier son avis intitulé «Les jeunes NEET: quelles perspectives d’inclusion socio-économique». Le CESE relève qu’au Maroc, le nombre de jeunes NEET (ni à l’emploi, ni en éducation, ni en formation) est estimé à environ 1,5 million de personnes en 2022, soit l’équivalent d’un jeune sur quatre. Les jeunes NEET ont une structure marquée par un taux de féminisation très important avoisinant les 72% et une prédominance des jeunes inactifs, à hauteur de 70%. En plus de leur inactivité, ces jeunes se caractérisent dans leur grande majorité par un niveau d’éducation très modeste qui les maintient dans la précarité. Environ 40% d’entre eux ont un niveau d’éducation nul ou inférieur au collège, et 8% seulement ont un niveau d’études supérieures. En outre, la probabilité d’être en situation de NEET s’accroît de 1,15 fois pour chaque année supplémentaire de scolarité non achevée. Le taux des NEET chez les femmes s’élève à 38,8 %, soit presque trois fois celui enregistré chez les hommes, qui est de l’ordre de 13,6 %. Le taux de jeunes NEET parmi les femmes vivant en milieu rural atteint 61%, tandis qu’il est de 33 % pour les femmes vivant en milieu urbain et de 13 % pour les hommes, quel que soit leur lieu de vie. Le Conseil estime que la persistance de l’exclusion des jeunes NEET au Maroc est porteuse de risques qui menacent la cohésion et la stabilité sociale en alimentant la pauvreté, la vulnérabilité, les inégalités sociales et territoriale.

Trois types de ruptures
Les jeunes se retrouvent généralement dans la catégorie des NEET à l’occasion de trois types de ruptures majeurs. La première rupture concerne surtout les plus jeunes individus parmi ceux appartenant à la catégorie des NEET et intervient lors de la phase de scolarisation. Il s’agit du décrochage scolaire des enfants, en particulier lors de l’étape du collège. Signalons que 331.000 cas de décrochage scolaire ont été enregistré sur la période 2020-2021. Parmi les causes du décrochage figurent le découragement des élèves ayant subi des redoublements répétitifs, l’éloignement de l’établissement scolaire dans le milieu rural, la violence et les harcèlements subis à l’école ainsi que le manque de moyens pour bénéficier des cours de soutien scolaire afin de pallier les défaillances d’apprentissage.
A noter que le mariage précoce en milieu rural constitue une entrave à la scolarisation des filles. La deuxième grande rupture intervient au moment du passage du système éducatif vers le marché du travail. Près de 6 chômeurs sur 10 sont des primo-demandeurs d’emploi. L’accès au marché du travail devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que la durée de chômage augmente, sachant que 72,7% des jeunes chômeurs sont des «chômeurs de longue durée» (supérieure à 1 an). Le manque d’opportunités d’emplois, le manque de qualification adéquates ainsi que les faiblesses en matière d’orientation scolaire constituent les principales causes. La troisième rupture intervient au moment de la perte d’emploi de personnes déjà en poste. La transition entre deux emplois peut s’avérer difficile à réaliser.

Les recommandations

En vue de résorber le phénomène des NEET et d’accélérer l’insertion sociale et économique de cette catégorie de jeunes, le CESE préconise l’adoption d’une approche intégrée basée sur cinq axes. Le premier axe concerne le renforcement des capacités de repérage et de suivi des jeunes NEET et des catégories vulnérables de jeunes. Il s’agit de mettre en place un système statistique et informatique pour permettre le repérage précis de ces jeunes et de faciliter le suivi de leurs parcours en regroupant des données de sources multiples, en particulier le Registre social unifié et les dispositifs statistiques relevant des secteurs de l’éducation, de la formation, et de l’emploi. Ce système peut être renforcé par des données provenant d’autres systèmes d’information tels que les statistiques du recensement démographique, des caisses de protection sociale, de l’administration pénitentiaire, du service militaire…
Le deuxième axe porte sur la mise en place des mesures préventives pour éviter que de nouvelles catégories vulnérables de jeunes ne se retrouvent en situation NEET. Ainsi des mesures doivent être prises pour éviter le décrochage scolaire. Dans ce cadre, il s’agit de garantir l’effectivité stricte de l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans et mettre fin au renvoi des élèves du système en cas de redoublements répétés. Il est aussi question de mettre en place des cellules d’écoute, de soutien psychologique et d’orientation scolaire au sein des écoles, qui seraient chargées de surveiller les élèves les plus susceptibles de décrocher. Le CESE recommande également de développer une offre de formation spécialisée pour accueillir les jeunes souffrant de troubles de l’apprentissage. S’agissant des mesures visant à accroître l’employabilité des jeunes et à faciliter leur accès à l’emploi, le Conseil suggère de renforcer l’offre de formation professionnelle dans les zones rurales. Il est aussi question d’assurer une adéquation de la formation aux besoins du marché du travail à travers la mise en place d‘incitations aux entreprises pour les encourager à s’engager activement dans le développement de la formation en alternance pour les jeunes. En contrepartie de ces incitations, les entreprises concernées devront garantir un encadrement et un suivi adéquats aux stagiaires. Dans le cadre du troisième axe, il s’agit de mettre en place un écosystème élargi pour accueillir et orienter les jeunes NEET vers des solutions adaptées à leurs différentes situations.

L’objectif est de créer un écosystème avec une large couverture régionale pour pouvoir communiquer avec les jeunes en situation NEET, les accueillir et créer un climat de confiance. Pour cela, le CESE recommande de développer un réseau dense de points d’accueil, d’écoute et d’orientation, à l’image des platesformes pour la jeunesse de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), couvrant toutes les collectivités locales. S’agissant du quatrième axe, il s’agit d’améliorer l’offre, la qualité et l’efficacité des services et programmes d’insertion des jeunes NEET.
Pour l’intégration des jeunes NEET déscolarisés en âge de scolarisation obligatoire, le Conseil relève qu’il faut élargir la couverture géographique des écoles de la deuxième chance nouvelle génération en mobilisant des équipes pédagogiques spécialisées hautement qualifiées et diversifier les formations professionnelles proposées par ces écoles. Pour la réinsertion des jeunes NEET âgés de 18 ans ou plus dans le marché du travail, le Conseil recommande de fournir des services de soutien ciblés aux jeunes NEET afin d’améliorer leur employabilité ou de faciliter leur intégration dans le marché du travail, par le biais d’associations ou d’experts expérimentés, Ces services comprennent notamment la médiation avec les institutions de formation professionnelle pour l’intégration de ces jeunes. Enfin, le dernier axe concerne la mise en place un cadre de gouvernance basé sur le renforcement de la cohérence et la complémentarité entre les programmes et une coordination continue entre les parties prenantes

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