Economie

Apprentissage de la productivité : Le Maroc a du chemin à faire

À une semaine de la réunion interministérielle consacrée au déficit croissant de la balance commerciale marocaine, la CNUCED sort son rapport annuel sur le développement économique en Afrique 2008. Au rapport alarmant présenté par Abdellatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur, et aux perspectives peu optimistes du Fonds monétaire international (FMI) s’ajoute aujourd’hui le document de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le Développement (CNUCED).
Cet organisme onusien s’est penché précisément sur les résultats à l’exportation après la libéralisation du commerce et sur les tendances et les perspectives de ce domaine et surtout pour les produits manufacturés. En pourcentage du PIB, les exportations d’articles manufacturés ont atteint 14 % entre 2000 et 2006, contre 10% pour la période 1990-1999 et seulement 6 % entre 1980-1989. Si le pourcentage des exportations d’articles manufacturés dans le PIB national a affiché une croissance soutenue durant ces dix dernières années, le Maroc reste tout de même loin des performances tunisiennes. Entre 2000 et 2006, le pourcentage d’articles manufacturés dans le PIB tunisien a été de 25,9 %, devançant ainsi de loin le Maroc avec 14% et l’Egypte avec seulement 2,1%. Depuis ces vingt dernières années, les Tunisiens ont su améliorer leurs capacités à exporter des articles manufacturés faisant ainsi passer leur pourcentage en PIB de 11,7% entre 1980-1989 à 21,6% entre 1990-1999. Au Maroc, 75% des entreprises qui exportent le font dans les trois premières années de leur existence. Les entreprises anciennes ont moins de chances de se mettre à exporter, même pour répondre à l’évolution des incitations macroéconomiques, selon les analystes de la CNUCED. «Le fait d’exporter oblige une entreprise à se soumettre aux exigences du consommateur étranger, c’est-à- dire qu’il lui donne la possibilité d’apprendre à concevoir des articles dont ce consommateur a envie. Les données relatives au secteur manufacturier marocain montrent que c’est cette expérience du marché, et non l’apprentissage de la productivité, qui permet à ce secteur d’exporter. Cela pourrait s’expliquer par la forte concentration des exportations marocaines sur les biens de consommation», souligne-t-on dans ce document. C’est donc l’apprentissage de la productivité qui permettra de donner un coup de fouet aux exportations. Dans ce domaine aussi, l’expérience tunisienne est présentée comme un modèle (voir encadré). Les analystes de la CNUCED ne se limitent pas à faire le bilan. Ils diagnostiquent et proposent des solutions pour acquérir un avantage comparatif dans le secteur manufacturier. Dans les pays africains, cet organisme montre du doigt la faiblesse des investissements productifs, le manque de productivité, la petite taille des entreprises de transformation et un accès limité aux facteurs de production, particulièrement le crédit.  «Il est douteux que le seul fait d’élargir encore la libéralisation du commerce sans renforcer la capacité de production des entreprises africaines permette d’augmenter sensiblement les exportations d’articles manufacturés du continent», indique-t-on à la CNUCED. Un élément à prendre en considération pour pouvoir combler le déficit de la balance commerciale marocaine.


Le cas tunisien


Dans le rapport annuel sur le développement économique en Afrique 2008, la CNUCED souligne que le cas de la Tunisie est intéressant. En effet, ce pays avait les droits de douane les plus élevés en 2006, mais il est en troisième position pour le ratio des exportations d’articles manufacturés en PIB, ce qui montre que les taxes sur les échanges ne sont que l’un des multiples facteurs qui déterminent les résultats à l’exportation.

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