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Dépistage en entreprise : La révision de la stratégie en discussion

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Entretien avec Jalal Charaf, directeur général délégué de la CGEM

La création d’un «Label Santé» en entreprise renforcerait la lutte contre la propagation de la pandémie de la Covid-19. Une mesure qui s’avère, plus que jamais nécessaire, du fait de la prolifération des cas dans les milieux professionnels. D’ailleurs, c’est ce que ne cesse de recommander la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) dans les différentes sorties de ces représentants en ce temps de crise. La dernière en date est celle de Jalal Charaf. Le directeur général délégué de la CGEM qui lors de sa participation à un webinaire organisé par la société marocaine des sciences médicales (SMSM) autour du thème «Situation épidémiologique Covid 19 préoccupante : la riposte», a préconisé la création de ce label professionnel. Contacté par ALM, Jalal Charaf nous dévoile la portée de ce label et partage sa vision des mesures à prendre pour endiguer la pandémie dans la sphère entrepreneuriale.

ALM : Lors de votre participation à un récent webinaire, vous avez mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un «label santé». Cette mesure est prête pour le lancement?

Jalal Charaf : Le label est actuellement en cours de montage. L’idée étant de mettre en place un dispositif vertueux et efficace qui garantira le strict respect des mesures de prévention et de sécurité par l’ensemble des intervenants au sein d’une entreprise. Ce label contribuera à passer à un niveau supérieur en matière de lutte contre la propagation de la pandémie dans le milieu professionnel. En parallèle, il permettra aux opérateurs économiques d’optimiser les coûts des dispositifs sanitaires adoptés notamment en termes de suivi et d’audit. Il viendra, également, reconnaître les efforts déployés par les dirigeants des entreprises labellisées qui auront mis en place toutes les mesures édictées par les autorités et les rassurer que leur responsabilité judiciaire ne sera pas engagée en cas de déclaration de cas positifs au sein de leurs entreprises.

Vous avez également appelé à renforcer le rôle du médecin de travail. Comment contribuerait-il à lutter contre la propagation de la Covid-19 dans les entreprises ?

De par la loi, toute entreprise ayant plus de 50 salariés doit avoir un médecin de travail. Or ces praticiens ne sont pas présents sur place en permanence. Le médecin de travail doit jouer un important rôle dans la lutte contre la covid-19 notamment dans la veille et la sensibilisation. Il est de son ressort de vérifier si les mesures sanitaires sont bien appliquées dans les sites et d’informer les employés sur l’importance des gestes-barrières.
On aura beau concevoir des kits et les distribuer dans les entreprises mais du moment qu’il n’y a pas une véritable sensibilisation en interne tous les efforts seront en vain. Le médecin de travail agira par anticipation et alertera sur les problèmes à palier. Si jamais il ne peut être présent, il faut qu’un relais soit désigné. La systématisation de ces comportements avec le respect des mesures barrières sont les principaux piliers de la stratégie à adopter pour pouvoir cohabiter avec le virus. Parce que comme je l’ai déjà suggéré, nous n’avons pas les moyens pour un autre confinement général.

Face à la montée des cas de contaminations dans le monde de l’entreprise, pensez-vous qu’il est temps de revoir le mode de dépistage en milieu professionnel ?

Les discussions sont en cours pour revoir la stratégie déployée en passant, éventuellement, du dépistage massif à un dépistage sélectif. Nous attendons la décision du Ministère de la Santé.

CGEM chapeaute une large campagne de dépistage dans le monde de l’entreprise. Combien de sociétés adhèrent à ce processus ? et combien de personnes dépistées positives dans ce sens ?

En effet, près de 650.000 salariés de 7.192 entreprises sont inscrits sur la plateforme mise en place à cet effet. Pour ce qui est du nombre des cas positifs, le Ministère de la Santé détient l’information à jour. Si l’on suit la formule d’échantillonnage adoptée dans le cadre de cette opération, cela donnerait un total de 259.938 dépistages à réaliser.

Cette opération a-t-elle été bien accueillie par les entreprises ou bien ces dernières continuent de manifester des réticences ?

Il y’a eu une grande mobilisation de la part des entreprises dans le cadre de la campagne de dépistage massif. Les réticences de certaines entreprises s’expliquent surtout par le fait qu’elles craignent la suspension de leur activité en cas de découverte de cas positifs. A notre niveau, nous continuons de mobiliser et de sensibiliser les entreprises membres et non-membres de notre confédération à l’importance du respect rigoureux des mesures sanitaires et préventives, de l’adhésion à la campagne de dépistage comme un préalable pour une reprise sécurisée, mais également de l’adoption de l’application Wiqaytna pour faciliter la détection précoce des cas positifs afin de les traiter rapidement évitant ainsi d’éventuelles suspensions d’activité. Rassurées, de plus en plus d’entreprises inscrivent leurs salariés dans l’opération de dépistage.

Ce virus a chamboulé tous les paradigmes. Comment se changement jouerait-il en faveur de l’entreprise marocaine ?

Dans toute crise résident des opportunités qu’il faut saisir. D’ailleurs les psychologues du travail le confirment: la Covid-19 va laisser un changement permanent et positif dans les comportements au sein de l’entreprise dont le télétravail. On deviendra ainsi plus agile et on avancera par conséquent plus vite. Si l’on prend le cas du télétravail, imaginez son impact en termes de circulation, d’environnement et même de productivité…Parmi les choses positives que nous laissera la plupart de la Covid-19, c’est cette prise de conscience collective. Il faut que les mentalités changent, notamment celles des entreprises qui doivent être de plus en plus confiantes. Le Maroc est un pays qui dispose d’une économie résiliente. Il y aura toujours un moyen pour s’en sortir. Certes, il y aura de la casse mais je suis sûr que l’on fera mieux ce que l’on pense.

Le Pacte signé récemment nourrit cet espoir ?

Comme nous l’avons dit, le pacte pour la relance économique et l’emploi est un gage de partage de responsabilité et d’un engagement commun pour réussir la relance de notre économie. Il faut que nous restions tous mobilisés pour dépasser cette crise. Et je peux vous dire que du côté du secteur privé, nous sommes engagés pour honorer nos promesses consistant notamment en la préservation de la santé des salariés et de leurs sources de revenu et en contribuant activement au développement socio-économique de notre pays.

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