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Industrie : La rupture prônée par le CESE

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Malgré les avancées et les résultats atteints, l’exécution des trois plans industriels engagés depuis 2005 à ce jour se heurte à de nombreuses contraintes. Des difficultés qui découlent du manque de cohérence et de synergie avec les autres politiques publiques.

L’industrie marocaine n’est pas en mesure de supporter les lourdes mutations de la quatrième révolution industrielle. Au moment où «l’industrie 4.0» fait son entrée au niveau mondial, le tissu industriel marocain n’est toujours pas prêt à faire face aux importantes transformations y afférentes. Et pour cause : le secteur est à la fois étroit, fragmenté, peu agile et faiblement innovant. C’est ce qu’observe le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son dernier rapport.

Le CESE a, en effet, établi une lecture critique des politiques industrielles adoptées à ce jour au Maroc.  Il ressort que malgré les avancées et les résultats atteints à ce niveau, l’exécution des trois plans industriels engagés depuis 2005 à ce jour se heurte à de nombreuses contraintes. Des difficultés qui découlent du manque de cohérence et de synergie avec les autres politiques publiques. D’où la nécessité de rompre profondément avec la manière d’appréhender l’industrialisation du Maroc aussi bien en termes de conception des stratégies, de leur gouvernance que de leur exécution. «Cette obligation de rupture est accentuée par le fait que l’industrie dispose d’un important effet levier sur les autres secteurs de l’économie d’une nation, de même que l’industrie recèle un considérable réservoir d’employabilité, deux dimensions absolument stratégiques pour le Maroc», peut-on lire dans le rapport du CESE. Pour s’aligner sur l’offre industrielle future, l’industrie marocaine devrait miser davantage sur l’innovation. Le Maroc est également appelé à unir les forces productives autour d’une véritable politique industrielle. Selon le CESE, la vision étant d’accompagner les mutations du travail dans un monde où l’impératif de créativité deviendra de plus en plus fort, et où les acteurs du monde économique, professionnels, entrepreneurs comme les salariés, devront continuellement progresser pour accompagner et ne pas subir une vague continue de progrès technologique.

Les défis

L’avènement de procédés industriels innovants de type «industrie 4.0» est l’une des six tendances auxquelles est confrontée l’industrie nationale. On peut également énumérer dans ce sens le maintien d’une forte croissance mondiale de la demande industrielle, le développement de champions locaux dans les pays émergents, l’intégration verticale régionalisée des échanges, le fort développement des énergies renouvelables ainsi que la densification du capital couplée à une attente accrue en termes de rendement.

Le processus d’accélération industrielle enclenché au niveau national est construit autour du ciblage des acteurs et le ciblage sectoriel.  Les stratégies industrielles adoptées ambitionnent principalement la contribution à la création de richesse, l’orientation de la production  vers l’exportation et  la création de l’emploi. Certes, ces dispositifs ont atteint des résultats satisfaisants. Toutefois, l’élan de l’accélération marocaine reste inférieur à celui enregistré par d’autres pays à niveau de développement similaires. «En bref, le Maroc semble être pris au piège des économies intermédiaires» : un étau entre les pays où le coût du travail est moins élevé, qui menace les secteurs à faible productivité, d’une part ; et d’autre part la nécessité de transformer son industrie pour la tourner vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée mais à forte teneur en innovation», relève-t-on du rapport.

Le Conseil souligne que cet élément d’inquiétude est renforcé par le fait que six secteurs seulement contribuent à 80% de la croissance de l’industrie. Il s’agit en l’occurrence des secteurs de l’automobile, aéronautique, offshoring, transformation de phosphate, agroalimentaire et matériaux de construction.

Les nouveaux paradigmes

Le CESE prône dans son rapport de nouveaux paradigmes. Le but étant d’intégrer une nouvelle dynamique pour construire l’industrie de demain. Une industrie au service d’un développement soutenu, inclusif et durable. La vision du CESE s’articule autour de 4 piliers. Citons entre autres la dimension sociale. «La dimension sociale est ici appréhendée comme un socle important de la démarche et ne constitue plus une conséquence du développement mais un de ses éléments structurants, interrogeant même le modèle de société voulue et les modes d’exercice de solidarité qui doivent nécessairement être refondus», peut-on lire du CESE. La dimension environnementale arrive en deuxième position.

Le CESE indique qu’il s’agit d’un attribut industriel fondamental du Maroc futur. La nécessité étant de faire passer la contrainte en opportunité à la fois structurante et créatrice de valeur. Par ailleurs, le capital humain et l’innovation sont désormais pris comme étant un avantage compétitif. Les recommandations du CESE  visent l’émergence d’un Maroc «Usine Verte 4.0» régionale, à l’industrie connectée, dynamique, solidaire et inclusive. «Cette approche qui constitue un ensemble global, cohérent et indissociable, est de nature à participer à la reconstruction de la confiance et de la transparence à travers l’encouragement et l’institutionnalisation de l’installation dans la pérennité d’un dialogue responsable», peut-on conclure du rapport.

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