Economie

L’effet carburant

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Moins d’une semaine après l’augmentation des prix du carburant à la pompe, la Fédération des transporteurs routiers affiliée à la CGEM passe à l’offensive. Une hausse de 8% sera appliquée dès ce mois de juin sur les prix du transport public de marchandises.
La décision a été prise par les professionnels après plusieurs simulations d’impact de la hausse du carburant sur l’activité du transport routier. Le Diesel peut représenter jusqu’à 45%  du chiffre d’affaires dans le parc marocain, caractérisé par une moyenne d’âge de 20 ans.
Pour les opérateurs concernés qui rappellent volontiers les relèvements du SMIG en 2004, des coûts d’utilisation des infrastructures (autoroutes), des augmentations des prix de lubrifiants et celles sur les primes d’assurance, le réajustement opéré est une suite logique de la série des deux  augmentations, intervenues en août 2004 et en mai 2005.
Il en va de la survie du secteur, sachant que «les prix appliqués actuellement sont très bas par rapport à la réalité des coûts et des charges que le transporteur supporte», précise Abdelillah Hifdi, président de la Fédération du Transport. «Si on ne met pas en place un système de régulation, on n’arrivera pas aux objectifs d’un développement durable», poursuit-il, en faisant remarquer que «la main invisible du marché est sournoise».
Le président de la Fédération lie directement la surcharge, phénomène récurrent dans le secteur, au problème de la sous-facturation. Pour y mettre fin et, par ricochet, réduire le nombre d’accidents de la circulation (3 900 victimes par an et une sinistralité de 12 milliards de dirhams selon ses chiffres), M. Hifdi ne voit qu’un seul moyen : la régulation et la transparence du marché. «Nous demandons tout simplement la matérialisation du contrat programme dûment signé avec l’Etat et, surtout, l’assistance à un secteur en danger», lance-t-il. 
Le modèle français du Comité national routier (CNR), collège réunissant transporteurs, chargeurs et représentants des pouvoirs publics, séduit les transporteurs marocains. Cet organe diffuse  des indices trimestriels dans le bulletin officiel de la direction des transporteurs terrestre. Beaucoup d’opérateurs du secteur jugent la mesure indispensable pour sauver un secteur aujourd’hui miné par l’informel. «Aujourd’hui, l’Office national du Transport, organe régulateur des prix,  n’existe plus», déplore Abdelaziz Lahlou, président de l’Association marocaine des Transporteurs internationaux. Face à ce vide et à l’absence d’un système de régulation, explique-t-il, la Fédération a été obligée d’agir.
Cette hausse fait craindre une réaction en chaîne dans les autres secteurs. A commencer par les secteurs exportateurs. agrumes, fruits et légumes vont subir les contrecoups de la hausse en termes de pertes de compétitivité, cela même si Lahlou explique que le danger est moindre, «les camions engagés sur l’international s’approvisionnant à hauteur de  90% de leur gas-oil à l’international». «Nous supportons les coûts du transport de la ferme à la station de conditionnement et de là aux destinations finales de la marchandise», déclare-t-on de source proche du président de l’association des producteurs d’Agrumes (ASPAM), qui craint de devoir supporter une partie des répercussions décidées par les transporteurs.
En revanche pour les BTP et les travaux publics, la note pourrait s’alourdir. Déjà, note Bouchaïb Benhamida, président de la FNBTP,  «on assiste à une augmentation de 40% du bitume», produit ne bénéficiant pas des mécanismes de la Caisse de compensation.  Cette hausse record en corrélation avec le marché des hydrocarbures ralentit les travaux de revêtement de chaussées et autres chantiers d’infrastructures. Pour les soumissionnaires à des  chantiers dont la durée est inférieure à une année, l’équation sera encore plus complexe, note le président de la FNBTP.
Signalons que la Fédération a notifié sa décision par écrit à Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport. «Il s’agit d’une simple notification», insiste-t-on de source proche de ce Département, les prix étant libres. Seul par conséquent le transport passager est encore réglementé. Du fait de la concurrence et de la multiplicité des intervenants,  les  prix pratiqués dans ce créneau sont  en général au dessous des prix de référence.
Parmi les souhaits de la Fédération, la mise en place d’un système de «gasoil spécial» avec, parmi les scénarios envisagés, la ristourne d’une partie de la Taxe intérieure de consommation. A moins que d’ici là, le retour du système d’indexation des prix  ne soit confirmé.

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