La réunion des agents de voyages à Marrakech, samedi 20 mai 2005, consacrée à la «Commission zéro », s’est terminée par un appel solennel à la résistance. Plus de 117 agents de voyages sur un nombre de 120 présents ont voté en faveur du bras de fer. Dans la salle, des voix ont même demandé, une augmentation de la commission de 7 à 9%. Un bras de fer perdu d’avance ? Rien de moins sûr quand on sait que la compagnie nationale réalise environ 70% de son chiffre d’affaires à travers les agences de voyages.
Les professionnels n’excluent plus de boycotter la compagnie nationale si celle-ci ne fait pas marche arrière. Le communiqué de la Fédération nationale des agences de voyages, diffusé à cet effet, est sans équivoque : «Les membres de la FNAVM appellent la Compagnie nationale à bien comprendre la portée de cette décision, mais surtout à entreprendre d’annuler son projet de commission 0% dans l’intérêt des parties.
La Compagnie nationale doit garder son rôle de partenaire,responsable de la grande marche socio-économique engagée tout récemment par notre Auguste Souverain Sidi Mohammed VI. ». Il a fallu dix ans pour adapter ce modèle des USA à l’Europe. Pourquoi seulement 6 mois pour l’imposer au Maroc ? », s’interrogent les opérateurs. Les agences de voyages rappellent volontiers le cas des pays similaires au Maroc, comme l’Algérie, la Tunisie, la Turquie et l’Inde, lesquels ont résisté à la pression des Européens et continuent de rémunérer les billettistes à 9%.
Loin d’abonder dans le sens de la RAM, les agences de voyages profitent de la rencontre de Marrakech pour rappeler un certain nombre de problèmes qui minent leur existence. Il s’agit de la libéralisation effective des GDS au Maroc, de la nécessité du paiement par carte crédit corporate pour arrêter l’avance de trèsorerie aux compagnies et, entre autres, de l’obligation de respecter et d’informer le réseau de distribution de la stratégie commerciale de chaque compagnie , sans « rentrer en concurrence déloyale » avec les agences de voyages .
Pourtant rien ne prédisait un tel raidissement de la part des professionnels du secteur. Surtout que, suite à une rencontre tenue une semaine auparavant, l’on avait vu le président de la Fédération, Fouzi Zemrani, assez satisfait de la démarche concertée de la Royal Air Maroc qui, pour une fois, ne les a pas mis devant les faits accomplis. Des échos recueillis ici et là, l’on avait conclu que la messe était dite, et que la réunion de Marrakech ferait passer le «nouveau modèle économique» comme une lettre à la poste. Il en fut autrement.
Les observateurs sont tout d’abord surpris par l’affluence :plus de 120 opérateurs, composés de grands groupes comme Atlas Voyages, de divers répceptifs, mais surtout d’un gros bataillon de billetistes et de spécialistes du Haj et de la Omra.
La rémunération de la distribution a constitué le gros du menu de cette assemblée générale. Pourtant le sujet du jour, du moins officiellement, était le tourisme interne. Sur le départ, le Directeur des Aménagements et Investissements au ministère du Tourisme, Jawad Zyatt a developpé sa stratégie en la matière. Les opérateurs ont d’ailleurs émis quelques réserves, et souhaité un délai supplémentaire d’un mois pour l’appel à manifestation d’intérêt pour la sélection des tours opérateurs dédiés au tourisme interne.
La concordance est par contre de mise avec le ministère, en ce qui concerne la volonté de donner la priorité aux agences ayant fait leurs preuves en réceptif. Mêmes vœux pieux, entre la Direction des Investissements et des Aménagements et la Fédération en ce qui concerne le remodelage des vacances nationales, lesquelles, pour être profitables au tourisme interne, doivent non seulement être décalées suivant les régions, mais aussi être décalées des vacances internationales. A suivre.