La réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), précédera d’à peine deux jours celle l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), prévue elle aussi à Vienne et qui doit décider d’un éventuel renvoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Sans directement agiter l’arme pétrolière, l’Iran, 4e producteur mondial et membre influent du cartel, a à plusieurs reprises appelé à une baisse de production d’un million de barils par jour (mbj) du plafond actuel de production de l’Opep, fixé à 28 mbj.
Téhéran a aussi évoqué le risque d’une "crise dans le secteur pétrolier et en particulier une hausse des prix" en cas de sanctions de l’Onu à son encontre. De quoi faire pression sur les Occidentaux, dont beaucoup sont aussi ses clients.
Mais l’Iran risque malgré tout de se retrouver isolé au sein du cartel, étant donné le niveau atteint par les cours cette semaine, remarquent les spécialistes.
Plusieurs responsables, à commencer par le chef de file du cartel, le Saoudien Ali Al-Nouaëmi, se sont déjà prononcés contre une baisse de production.
"A moins que le marché ne change significativement entre maintenant et la réunion, il n’y a probablement pas de raison majeure de changer quoi que ce soit", a-t-il dit cette semaine.
Le ministre a même laissé entendre que son pays, le seul à disposer d’importantes capacités de production inutilisées, était disposé à produire plus si nécessaire.
Les marchés ont jugé ces déclarations apaisantes et les prix du baril ont par conséquent reflué depuis le pic de plus de 69 dollars atteint en début de semaine, tout près du sommet historique de 70,85 atteint fin août à New York.
Malgré tout, à près de 66 dollars jeudi, ils demeurent très élevés, assurant de belles recettes aux pays producteurs.
"Les Iraniens ont fait cette déclaration pour des raisons politiques mais je pense qu’ils (les membres de l’Opep) vont tout simplement décider de se revoir à nouveau à brève échéance ou alors dès qu’il le faut. Sauf surprise, je ne pense pas qu’ils bougeront", pense Pierre Terzian, directeur de la revue spécialisée PétroStratégies.
"Ils estiment que les prix sont bons, le marché est bien approvisionné et puis ils vont probablement se revoir avant le 2e trimestre", période où la demande de pétrole recule traditionnellement en raison de la fin de l’hiver dans l’hémisphère nord, principale région consommatrice d’hydrocarbures, note M. Terzian.
Même le Venezuela, pays considéré lui aussi comme un "faucon", c’est-à-dire partisan de cours élevés, ne suivra pas, selon lui.
"A supposer même qu’il suive, cela ne suffira pas. L’Arabie Saoudite, le Koweët, les Emirats ne veulent pas d’une baisse pour le moment", note-t-il.
Pour Bruce Evers, analyste de Investec à Londres, "avec des cours autour de 65 dollars, il serait irresponsable d’abaisser la production, la demande continuant de progresser".
D’autant que la production demeure très perturbée au Nigeria, premier producteur africain, en raison d’attaques de rebelles sur les installations pétrolières. En outre, l’évolution de la demande de pétrole en 2006 demeure incertaine. La réunion suivante de l’Opep est programmée pour le 8 mars.