Comme beaucoup de ses voisins, le Maroc a une stratégie de développement du tourisme à long- terme, mais le Royaume a récemment mis en évidence sa flexibilité en instaurant un nouveau programme pour compléter la «Vision 2010». Ce plan décennal a été largement couronné de succès, mais comme il arrive à sa fin, le gouvernement a lancé «Cap 2009» pour refonder les objectifs du secteur et injecter de l’argent dans le marché en prévision du prochain lancement de la «Vision 2020». Les deux plans, ensemble, visent à augmenter le nombre d’arrivées, la mise à niveau des infrastructures et d’améliorer la qualité des ressources humaines. Alors que la «Vision 2010» pourrait être en deçà de son objectif initial de 10 millions de touristes d’ici 2010, en particulier à la suite des conditions économiques actuelles, le nombre de touristes a augmenté de 69% entre 2001 et 2007, et de 7% de 2007 à 2008, pour un total des arrivées à environ 7,9 millions. La construction des hôtels suit le rythme des augmentations et le nombre total des lits a déjà crû de plus de 47% depuis le début du plan. Étant donné que le tourisme attire plus d’investissement que tous des autres secteurs au Maroc, et contribue environ de 6% du PIB chaque année, le gouvernement prend des mesures proactives pour faire en sorte que cet élan se poursuive, même en temps de récession. Avec la baisse des recettes touristiques de 3,5%, de 58,67 milliards de dirhams (5,33 milliards d’euros) en 2007 à 56,59 milliards de dirhams (5,14 milliards d’euros) en 2008, «Cap 2009» vise l’Internet pour diversifier les origines des arrivées au-delà de la base traditionnelle des marchés européens. Le programme bénéficiera d’une augmentation budgétaire de 10% (4,5 millions d’euros) en 2009 pour faciliter l’entrée dans de nouveaux marchés, en particulier en Europe de l’Est, la Russie, les pays du Golfe et la Chine. Au plan national, «Cap 2009» identifie Marrakech, Fès, Casablanca et Agadir comme les quatre régions prioritaires, en accord avec l’objectif du Royaume de promouvoir un tourisme culturel haut de gamme.
Les efforts visant à cibler ces zones sont déjà inclus dans la «Vision 2010». Le volet Plan Azur, Plan Biladi et Plan Madain vise à développer des stations balnéaires, de renforcer le tourisme intérieur et de présenter les destinations culturelles du pays. Le Plan Azur devrait être le pivot des trois, dans la mesure où le Maroc cherche à s’emparer d’une partie du marché balnéaire régional fort lucratif. Le plan définit six nouveaux complexes hôteliers intégrés qui nécessitent des investissements de 45 milliards de dirhams (4.1 milliards d’euros) et aboutira à la création de 110.000 lits et 400.000 emplois directs et indirects. Alors que le modèle soleil et mer n’est pas très rentable et fait face à une concurrence sérieuse, le gouvernement espère que l’augmentation du nombre de visiteurs compensera les plus petites marges de revenus.
L’ajout d’infrastructure est le principal objectif de la «Vision 2010», alors que la «Vision 2020» s’attende à mettre l’accent sur les ressources humaines et s’appuyer sur l’élargissement de l’offre. Lorsque le gouvernement lancera le programme l’année prochaine, il sera orienté vers l’amélioration de la qualité du service tant attendue par de nombreux consommateurs internationaux. La «Vision 2020» prendra également en considération les exigences d’un tourisme responsable et durable, ainsi que la protection des ressources naturelles et culturelles. Pour contenir la hausse des arrivées, le Maroc cherche à moderniser ses aéroports. Abdelhanine Benallou, président-directeur général de l’Office national des aéroports (ONDA) a déclaré à OBG que l’objectif est d’atteindre une capacité de 32 millions de passagers d’ici 2012, alors que la capacité actuelle est de 23 millions. À la mi-avril, la Banque africaine de développement a accordé au Royaume un prêt de 240 millions d’euros pour améliorer les installations des aéroports de Casablanca, Fès, Agadir, Marrakech et Rabat, qui gèrent la majeure partie du trafic aérien du pays. Le prêt couvrira environ 75% des 3,37 milliards de dirhams (320 millions d’euros) du projet, avec l’ONDA couvrant le reste des coûts. L’ONDA travaille également avec l’Office national marocain du tourisme à réduire la bureaucratie et a annoncé des ajustements de taxes d’aéroport sur les vols affrétés.
La volonté du gouvernement de faire des ajustements dans le secteur du tourisme souligne la capacité d’adaptation du pays, en particulier en ces temps difficiles. «Cap 2009» élargira la présence du Maroc dans les marchés émergents, ce qui devrait contribuer à compenser une baisse des arrivées en provenance de l’Europe Occidentale. Pendant ce temps, un marketing Internet ciblé et une croissance dans la capacité en lits développeront une base solide qui aidera à atténuer les effets de la récession à court terme, et fournira le cadre nécessaire pour une croissance future en vertu de la «Vision 2020».
Oxford Business Group
Le 4 mai 2009