Economie

Polémique sur la suppression de l’Impôt sur la fortune

L’ISF, impôt hautement symbolique qui cristallise depuis sa création le clivage gauche-droite, est revenu hanter le débat politique et fiscal ces derniers jours, comme avant chaque budget.
Dernière polémique en date: la «patronne des patrons», Laurence Parisot, s’est prononcée mardi pour la suppression pure et simple de l’Impôt de solidarité sur la fortune, qualifié de «catastrophe économique». La présidente du Medef n’a eu qu’à s’engouffrer dans la brèche ouverte la veille par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, qui avait évoqué au détour d’une interview la «possibilité» de réformer l’ISF. Flairant sans doute le danger d’une telle déclaration, le Premier ministre, François Fillon a immédiatement tenté de désamorcer la polémique en assurant qu’une telle réforme n’était «pas à l’ordre du jour». Mais sa ministre est revenue à la charge dans la soirée, expliquant qu’elle formulerait «des propositions», à charge pour M. Fillon de prendre la décision finale. Le souvenir de Jacques Chirac, sanctionné à l’élection présidentielle de 1988 après avoir supprimé cet impôt quand il était à Matignon, est resté vivace à droite.
Pour la majorité, le sujet est d’autant plus brûlant que le gouvernement a récemment multiplié les prélèvements divers pour financer ses mesures, à l’instar de la «taxe RSA» (revenu de solidarité active). De quoi donner du grain à moudre à l’opposition et surtout raviver la grogne des patrons et libéraux de toutes chapelles qui renâclent devant ces nouvelles «charges» pour les entreprises et les investisseurs. L’an dernier, les 528.000 contribuables concernés par l’ISF ont rapporté 4,42 milliards d’euros sur 266 milliards de recettes fiscales au total, une goutte d’eau pour les finances publiques comparé à l’impôt sur les sociétés (50,8 milliards) ou à l’impôt sur le revenu (50 milliards). Mais ces chiffres suffisent à semer la discorde jusque dans les rangs de l’UMP et du gouvernement. Début juillet, dans la foulée de plusieurs députés UMP, le secrétaire d’Etat au Commerce, Hervé Novelli, avait ainsi vitupéré contre cet «impôt archaïque», «responsable de beaucoup d’expatriations de capital qui ont nui au développement de l’économie française».
En janvier 2007, Nicolas Sarkozy avait pourtant été clair. «Il n’y aura pas de suppression de l’ISF si je suis président de la République», avait-il affirmé. «Il est normal que ceux qui ont les plus gros patrimoines paient davantage», avait ajouté le candidat, qui a lui-même payé l’ISF en 2006. Comme promis, le président a préféré ramener le seuil du «bouclier fiscal» à 50% et rendre l’ISF moins dissuasif, en portant par exemple de 20 à 30% l’abattement sur la résidence principale ou en permettant de déduire de l’ISF les sommes investies dans des PME. Mais pour certains élus de la majorité, les «exilés fiscaux», anonymes ou célèbres comme Johnny Hallyday ou Alain Ducasse, sont autant de preuves que ces mesures restent insuffisantes. Selon un rapport du sénateur UMP Philippe Marini, lui aussi partisan de la suppression – progressive et sous conditions – de cet impôt, 843 redevables de l’ISF ont quitté la France en 2006, emportant avec eux quelque 2,8 milliards d’euros de capitaux au total. Il y aurait eu à l’inverse 200 retours la même année. Au ministère du Budget, où l’on s’affaire à boucler un projet de loi de finances plus serré que jamais, on assure qu’«aucune réflexion» n’est en cours sur la suppression de l’ISF, dont les recettes restent les bienvenues dans les caisses de l’Etat en cette période de difficultés économiques.

• Laurent Banguet (AFP)

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