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Repositionnement du Maroc : L’intelligence économique, cet élément incontournable…

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«Les pouvoirs publics devront intervenir en tant que coordonnateurs plutôt qu’acteurs afin de mener à bien ce projet si important. C’est la mission même d’un État stratège dans le cadre d’une doctrine stratégique intégrée à la sécurité nationale à travers l’accroissement des avantages compétitifs».

Par Amine Dafir (*)

Le Maroc a lancé une série de mesures visant à améliorer la compétitivité de l’offre exportable nationale et à promouvoir les exportateurs marocains. Cependant, la crise actuelle a montré les limites de la stratégie adoptée. Les possibilités offertes pour réussir le repositionnement du Maroc, nécessaire à la relance économique, se sont avérées extrêmement réduites et une stratégie nationale d’intelligence économique s’est imposée d’elle-même. La crise nous rappelle également le rôle de l’État -surtout avec la remise en cause de la division internationale du travail- et celui des multinationales. Dans un contexte en effet marqué par la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales, il est indispensable d’activer le dispositif national d’intelligence économique afin d’identifier, de prime abord, les multinationales souhaitant relocaliser leurs activités stratégiques pour, ensuite, les séduire afin qu’elles choisissent le Maroc comme plateforme d’investissement et pour, enfin, influencer leurs décisions dans un contexte de compétition.
Pour ce, le pays doit adopter une diplomatie économique agressive permettant d’attirer les investisseurs et négocier le transfert technologique au profit des entreprises nationales à travers la mobilisation des agences de promotion et d’attrait. Dans le même sens, le Maroc doit capitaliser sur la bonne impression qu’il a véhiculée durant la crise (diplomatie de masque, Comité de veille, solidarité avec les pays subsahariens…) afin d’améliorer son image de marque et sa réputation ; deux facteurs déterminants au niveau de l’attrait des investissements étrangers et de séduction des multinationales.
Par ailleurs, il est primordial de promouvoir des industries locales via des mesures d’accompagnement des entrepreneurs dans les secteurs stratégiques avec comme objectif majeur le renforcement des capacités du pays à pouvoir créer des emplois industriels stables. L’accent doit être mis sur l’amélioration de la compétitivité de ces industries afin de développer des secteurs à forte valeur ajoutée et qui peuvent s’internationaliser facilement surtout en Afrique subsaharienne. Le principal enjeu reposant sur l’activation de l’intelligence économique marocaine d’une manière à identifier les secteurs stratégiques, les produits compétitifs et les marchés potentiels. L’indépendance stratégique mérite aussi que l’État soit en mesure de déterminer, soutenir et développer les filières qui peuvent être autonomes. La réussite de cette stratégie passera par la mise en place d’un système d’échanges et de centralisation d’informations entre tous les acteurs nationaux, à savoir le secteur privé, l’État, les agences de promotion, les centres de recherche et les ambassades. Et il est indispensable de mobiliser les compétences et les chercheurs marocains afin d’encourager l’innovation et la R&D. Certaines sociétés marocaines ont, d’ailleurs, durant cette période, développé de nouvelles solutions prouvant leurs capacités d’innovation grâce à l’implication des chercheurs émanant des universités et des centres de recherches marocains.
L’enjeu sera donc de capitaliser sur ces expériences pour réussir le pari de l’augmentation de la part de la valeur ajoutée contenue dans les exportations, source de création de richesses pour le pays.

De leur côté, les pouvoirs publics devront intervenir en tant que coordonnateurs plutôt qu’acteurs afin de mener à bien ce projet si important. C’est la mission même d’un État stratège dans le cadre d’une doctrine stratégique intégrée à la sécurité nationale à travers l’accroissement des avantages compétitifs.
Au niveau de sa défense commerciale, le Maroc sera appelé à négocier, à nouveau, les accords de libre-échange dans une logique win-win avec l’ensemble de ses partenaires. La démarche devra permettre de réduire le déficit de la balance commerciale marocaine déficitaire avec l’ensemble des partenaires. Il est indispensable d’activer davantage les mesures de sauvegarde contre les pratiques de concurrence déloyales (dumping, subventions…) et renforcer le rôle de l’administration des Douanes, au niveau de ce type de contrôle. Les procédures devront être enclenchées grâce à des attachés douaniers auprès des principaux partenaires du pays. Dans le même cadre, il est important de faire confiance aux cabinets marocains d’intelligence économique dans une logique de sécurisation de l’information. En clair, il n’est pas dans l’intérêt du Maroc de confier des informations stratégiques à des cabinets étrangers qui peuvent les vendre ou les utiliser par la suite.

L’Afrique subsaharienne devra devenir une priorité au niveau de la politique étrangère marocaine en activant son «human power» à travers une diplomatie de partage (et non d’aide) très appréciée par les pays de la région. L’implication de l’intelligence économique au niveau des stratégies des entreprises permettra de développer la capacité des entreprises à faire face aux exigences de la concurrence internationale dans la région. Elle pourra améliorer leurs compétitivités dans un contexte de guerre économique. L’importance des investissements marocains durant cette période de crise est réelle. Les entrepreneurs devront avoir en effet accès aux rapports de veille et aux synthèses leur permettant d’anticiper et de prévoir. Ces deux éléments conditionnant la réussite de leur stratégie.

(*) Enseignant-chercheur à l’Université Hassan II Casablanca, correspondant au Maroc du Centre africain de veille et d’intelligence économique CAVIE.

 

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