Economie

Tanger-Med : Un projet pour le Nord

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À 15 km de l’Europe et à 35 km à l’Est de Tanger, à la croisée de grandes routes maritimes sur les rives du détroit de Gibraltar, se dresse fièrement une oeuvre grandiose, la première du genre au Maroc. Érigé en zone spéciale de développement, associé à un territoire de 500km2, le port Tanger-méditerranée est appelé à repositionner la région du nord au sein de son champ naturel : le bassin méditerranéen. Lancé en février 2003 avec un budget global de 12,3 milliards de DH dans la perspective de sa mise en service en 2007, le projet, qui s’articule autour d’un port en eau profonde et de zones franche et logistique, industrielle et touristique, ambitionne de créer entre le Nord et le Sud une zone de prospérité et de réussite au bénéfice de tous. Le site retenu sur Oued R’mel répond parfaitement aux critères derrière le choix de l’emplacement. Une fois sur place, la dimension stratégique de ce projet est facilement lisible. De l’aveu des gens de la région, leur avenir sera désormais fixé à la lumière de cet édifice. Certes, des inquiétudes sont nourries. Tant que le plan d’aménagement n’est pas livré, des interrogations au sujet des expropriations et surtout des indemnisations prennent place. Le gérant d’une station d’essence intégrée par le territoire du port avance la date du 7 mai prochain pour l’arrêté définitif de son indemnisation. «C’est une tâche qui revient à une commission spécialement créée pour statuer sur ces dossiers. En plus, afin de mieux faire face aux spéculations foncières, l’Agence Spéciale Tanger-Med a autorité sur 500 km2 » rassurent les responsables de la TSMA. Toutefois, les jeunes d’Oued R’mel n’ont pas résisté à l’envie de partager leurs souvenirs passés sur une plage dont ils seront désormais privés à jamais. Le plus surprenant c’est qu’ils parlent des trafiquants de drogues qui opéraient sur le site tard dans la nuit. Les escarmouches avec les forces de l’ordre sont aussi racontées avec nostalgie. Ce genre de pratiques est pour les autochtones des faits bien installés. L’endroit est à 14 km de l’Europe. Avec le nouveau port, assurément, une alternative réelle au commerce de drogue est mise en chantier.
Tanger-Méditerranée vise, entre autres, à créer des emplois en attirant des investissements privés dans les zones franches, positionner la région du détroit comme plate-forme logistique pour le marché européen, en mettant à profit l’accord d’association avec l’Union européenne, stimuler les exportations aussi bien à partir des zones franches que des autres pôles économiques marocains en offrant aux opérateurs une chaîne logistique performante et à rééquilibrer l’aménagement du territoire en faveur de la région du Nord.
Le port sera également doté d’un terminal à conteneurs avec un linéaire de quais de 1600 m conçu pour être parmi les plus importants en Méditerranée destiné à recevoir les plus grands navires porte-conteneurs du monde, d’un terminal roulier offrant une capacité nouvelle, d’un terminal céréalier doté d’un quai de 300 m à une profondeur de 15 m et d’un terminal céréalier ayant pour vocation de desservir l’hinterland du port en produits raffinés et de développer le soutage des navires en escale au port et en transit à travers le détroit.
Tanger-Méditerranée, qui se positionne aussi comme un acteur pour le transport TIR et de marchandises diverses et pour le transbordement de conteneurs de céréales, comprendra une zone franche logistique de 98 ha à Oued R’mel destinée à l’entreposage des marchandises, deux zones franches d’exportation à Melloussa (province de Fahs Anjra) sur 300 ha chacune ciblant principalement des industries de production à vocation export et une zone duty-free/commerciale de 200 ha à Fnideq. Lors du colloque sur «Le port Tanger-Méditerranée, vecteur de développement régional», organisé mercredi 21 avril dernier à Tanger, a relevé la dimension stratégique de ce complexe portuaire et son impact sur le développement et l’aménagement du territoire national, il a insisté sur l’importance des infrastructures qui devront sensiblement modifier le paysage de la région du Nord du Royaume. Toutefois, la dimension sociale a pris le dessus. Ainsi, il faut des réponses à plusieurs contraintes. En tête, l’épineux problème de la lutte contre l’immigration clandestine. Autre aspect, une passerelle entre université et le nouvel ouvrage est à mettre en place. Quels métiers du futur pour quel devenir de la région ?
Il faut dire que la volonté affichée par les organisateurs, marquée par la présence le long de la journée du conseiller du Roi Abdelaziz Meziane Bellafkih, était justement entrer en communication avec la population locale. La démarche participative est désormais une réalité. Fin d’une époque, où l’Etat central impose et la population dispose, est désormais révolue.

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