Il garde le silence devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Durant près de cinq minutes, il fixe d’un regard hagard le président de la Cour qui lui pose des questions, comme s’il était sous le choc. En effet il paraît que le mis en cause ne réalise pas encore ce qui lui arrive. Le président de la Cour lui permet de sortir de la salle d’audience et lui accorde le temps nécessaire pour reprendre son souffle et ses esprits. A ce propos, il demande aux policiers qui se chargent des détenus de le conduire vers la geôle de la Cour afin de se calmer. Deux heures plus tard, le temps que la Cour a examiné une autre affaire criminelle, le mis en cause a été conduit, une autre fois, devant la Cour. Le président lui demande s’il est en mesure de répondre aux questions. Il répond avec un «oui», il esquisse même un sourire. Le président lui rappelle alors les accusations pour lesquelles il est poursuivi, à savoir coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Le magistrat lui demande s’il a effectivement violenté mortellement la victime. Âgé de vingt-six ans, ce jeune employé, qui venait de convoler en justes noces, ne cherche pas à se dédouaner, il a effectivement donné deux coups de poing à la victime mais pas plus que cela. Et d’ajouter que la victime a perdu l’équilibre et que, malheureusement, sa tête s’est cognée contre le support d’un panneau de signalisation. Mais, pourquoi l’a-t-il frappé ? «Il m’a insulté alors qu’il était sous l’effet de l’alcool et j’ai perdu tout contrôle de mes nerfs», a-t-il répondu. Mal lui en prit puisqu’il a été condamné à huit ans de réclusion criminelle après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.