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La Santé en grève demain

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Demain, mercredi 23 juin, tous les hôpitaux publics du Maroc vont observer une grève générale de 24 heures. Tout le personnel médical est concerné par ce débrayage. Médecins et infirmiers sont décidés à faire entendre leur voix aux autorités sur “ l’état catastrophique ” de la santé publique au Maroc. Normalement, les syndicats n’organisent pas de grèves à la veille des grandes vacances.
Pourtant, quatre centrales syndicales sont derrière cette grève générale qui sera accompagnée, le jour même, de plusieurs sit-in, notamment devant le siège du ministère à Rabat. Ces centrales syndicales sont la CDT, l’UNTM, l’UMT et l’UGTM.
“ Le secteur de la santé souffre d’un malaise profond ”, affirme le Dr. Abdelkader Tarfai, secrétaire général du syndicat de la santé affilié l’UNTM. Selon lui, le dialogue avec les responsables du ministère n’existe même pas.
“ Le ministère nous a prétexté le séisme d’Al Hoceïma, puis l’attaque des criquets pèlerins, et pour finir la présentation de la candidature marocaine au Mondial 2010 ”, explique le Dr. Tarfai.
D’ailleurs, cette décision d’organiser une grève générale à travers tout le pays, fait suite à de nombreux arrêts de travail observés depuis plusieurs mois, essentiellement dans les CHU de Rabat et de Fès. Du côté du ministère de la Santé, on préfère observer le silence.
Pourtant, le malaise des professionnels de la santé publique est bien réel. Le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, a été interpellé à maintes reprises par les parlementaires au sujet de ce malaise.
La goûte qui a débordé le vase est sans doute la décision conjointe des ministères de la Santé et des Finances d’augmenter la tarification des soins dans les hôpitaux publics. “ Pour certains soins, cette augmentation a été de l’ordre de 300% ”, affirme le Dr. Tarfai. Cette mesure, manifestement impopulaire, a fait énormément de mécontents auprès des populations.
Justement, demain soir, le ministre de la Santé sera l’invité de la Commission des affaires sociales à la Chambre des représentants pour discuter de cette décision d’augmenter les prix des soins dans les hôpitaux publics. A Rabat, le directeur du CHU a même décidé de faire payer les indigents. En clair, une personne qui détient un certificat d’indigence (délivré, rappelons-le par les autorités) est tenue de s’acquitter de 50% de la facture de soins. Le droit à la gratuité des soins a été bafoué, en toute illégalité, et le plus simplement du monde. “ Cette mesure unilatérale et aberrante n’a qu’une seule conséquence : priver les pauvres de tous soins médicaux ”, s’insurge le Dr. Tarfai. Les grévistes sont conscients que si les maux de la santé publique sont nombreux, il va falloir procéder par étapes pour en venir à bout. La priorité sera ainsi donnée, si le dialogue est renoué avec le ministère, au manque flagrant en personnel infirmier. “ Il ne suffira pas d’augmenter la rémunération des infirmiers ”, précise le Dr. Tarfai. Aussi, les infirmiers souhaitent que la prime de risque, dont ils bénéficient depuis 2000, soit comptabilisée dans le calcul de la retraite. Les médecins, eux, demandent la création de deux ou trois nouveaux grades au-dessus de l’hors-grade.En plus de ces revendications essentiellement statutaires, les grévistes de la santé publique mettent en exergue une condition éminemment politique. En effet, ils estiment que certains hauts cadres au ministère de la Santé doivent carrément être remplacés. Le Dr. Tarfai cite trois directions centrales: la direction des hôpitaux, la direction des ressources humaines et la direction de la réglementation. “ Ces départements sont derrière l’échec de toutes les politiques de santé au Maroc ”, conclut le Dr. Tarfai, qui exige le “ départ immédiat ” des responsables de ces directions.

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