Le débat créé par l’association Le Cercle des Diamants a été orienté 21 mars dernier sur un sujet qui renvoie à la fois au Livre sacré du Coran mais aussi à l’intelligence artificielle qui bouscule aujourd’hui toutes les donnes de l’univers et le cerveau en premier. Le physicien en nucléaire, passionné de neurosciences, Youssef Aboussir, a ouvert le débat en rappelant l’essence même de l’Homme. Retour sur les faits marquants d’une conférence qui marquera certainement les esprits.
«Comment notre cerveau apprend ?» C’est la thématique retenue, lors de la 3ème édition organisée par l’association Le Cercle des Diamants. Le sujet a été animé avec brio par le Ph.D en physique nucléaire Youssef Aboussir qui a toujours répondu présent depuis la création de l’association à but non lucratif. Cette dernière s’est donné pour mission première de faire en sorte d’avancer ensemble pour un monde meilleur. La démarche a été, depuis le départ, de multiplier les actions d’utilité en vue d’une meilleure cohésion sociale, notamment chez l’enfant. Au cœur également des axes de l’ONG, le partage du savoir par le biais d’organisation de master class et de conférences comme celle tenue le 21 mars dernier. Soulimane Belhadj, président de l’association, y oeuvre et compte bien multiplier les partenariats et le recrutement de membres pour consolider les acquis et avancer vers une feuille de route encore plus étoffée. Car c’est par l’action sociale que naissent les équilibres. Et l’équilibre intérieur représente aussi un enjeu essentiel. Pour cela la connaissance de soi est l’exercice à effectuer pour y parvenir. L’humain pourra mieux se réaliser de cette manière. Ce que prône le président de l’association qui rappelle le sujet de la conférence qui a permis de rappeler «les merveilles du cerveau considéré comme l’une des plus belles créatures du Divin». C’est ainsi que le conférencier démarrera sa présentation. D’une manière à la fois légère et enrichie par des versets coraniques pour confirmer ses dires, le passionné de neurosciences a su éveiller les consciences d’une audience, oubliant même la rupture du jeûne… «Nous sommes au mois de Ramadan et il existe trois voies pour capitaliser la relation avec Dieu. La première est celle de la lecture du livre sacré et des «douâas» répétés. La seconde consiste à aider les autres et fait directement référence au comportement de l’être humain avec son entourage. Et la troisième renvoie à la connaissance de soi», rappellera Pr. Aboussir. Les oulémas se sont mis d’accord que si le premier point est vérifié sans le second ça ne sert à rien…
Il faut dire que comprendre le cerveau dans le contexte coranique a toujours fasciné l’orateur. Car si le premier mot venu du ciel est bien celui du verbe «Iqraa», il s’agit de l’interpréter dans la langue du 7ème siècle. « La traduction est plutôt comprendre et non lire». L’expert en précisera la nuance qui induira une suite centrée sur la compréhension du cerveau et de son fonctionnement. D’ailleurs, le terme «Al Qalam» dans le Coran veut dire, selon l’écrivain et professeur islamique syrien Mohammed Rateb Al Nabulsi, «le discernement et non le stylo». Ce dernier a toujours revendiqué la séparation des choses pour mieux les comprendre… La seule espèce de l’univers qui apprend étant l’humain. Les choses sont claires dans l’Islam. Une logique même… Dieu veut nous guider pour apprendre et aller vers l’acquisition du savoir.
«A la naissance, le cerveau du nouveau-né comprend déjà 100 milliards de neurones comme à l’âge adulte. A ce stade, il n’existe aucune connaissance mais seulement des algorithmes innés et une faculté d’apprendre, de telle sorte à être en interaction avec l’environnement», poursuit l’intervenant. Ces rappels qui peuvent être évidents pour les uns et l’autres sont importants dans le contexte actuel où les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle sont venus renverser les donnes en freinant les activités cérébrales…
Le débat est ouvert chez les chercheurs qui pointent du doigt les réseaux sociaux comme responsables de plusieurs maladies comme l’Alzheimer qui a été détectée, dernièrement, chez des enfants aussi ! Le Divin a créé l’homme en le dotant de 5 sens pourtant… Les préserver serait aussi continuer à faire fonctionner le cerveau comme il se devrait. Et cela passe essentiellement par la lecture pour accéder au savoir et surtout le mettre en application.
Les propos du Pr Aboussir interpellent. En effet, il est bien de rappeler l’anatomie du cerveau qui revêt autant de lobes et d’aires spécialisées, connectées entre elles par les synapses qui lient les neurones… En clair, l’homme nait avec des fonctions précises. Les circuits du cerveau ont été créés dès la naissance de l’Homme. Le nouveau monde où évoluent les jeunes leur permettra-t-il de protéger cette configuration en son état premier ? Ne serait-ce pas l’inverse de ce qu’a créé Dieu ? Ce sont autant de questions qui ont été posées par l’expert. Il ira plus loin en rapprochant cette interrogation avec les dernières statistiques en termes de maladies mentales et psychologiques. Une enquête du HCP, citée dans le dernier rapport du CESE, a révélé que «49,4% des personnes sondées ont déclaré avoir souffert d’anxiété durant le confinement, 40,9% de peur, 29,6% de claustrophobie, 24,4% de multiplication des phobies, 14,4% de trouble du sommeil, 8,5% de lassitude, 7,5% de nervosité et 5,9% de dépression».
L’apprentissage sera-t-il alors une arme contre les nouvelles perturbations environnementales que connaît le monde ? La force de ChatGPT est réelle. Certains l’utilisent déjà pour briller-davantage-, d’autres s’en méfient comme une des pires inventions du monde. Le débat est ouvert dans les quatre coins du globe. Les avis sont partagés. Pour l’orateur c’est clair: «l’apprentissage rime avec santé mentale et repose sur quatre piliers, à savoir l’attention, l’engagement actif, l’erreur et le sommeil». Le sommeil étant essentiel à la consolidation des connaissances.
La conférence se terminera sur cette ouverture pour que justement chacun des participants puisse réfléchir à cette question existentielle qui renvoie essentiellement à la connaissance de soi.
