Société

Mohamed El Gahs maintient le cap

© D.R

ALM : Quel est votre sentiment suite au terrible incendie survenu dans la colonie de Ras-El-Ma ? Et où en est l’enquête sur les raisons qui l’ont provoqué ?
Mohamed El Gahs  : Face à cet accident dramatique, qui nous attriste et que nous ressentons comme une injustice, nos sentiments vont aux familles des victimes dont nous partageons le deuil. Un deuil aussi inattendu qu’affligeant et qui nous a tous frappés. Une  enquête est menée pour en savoir les tenants et aboutissants. Mais la raison est d’ores et déjà connue. Elle est aussi simple et effroyable que l’accident lui-même. Une monitrice, qui bénéficiait de nos espaces et notre programme, qui avait la responsabilité de veiller à la sécurité des enfants et qui était formée pour cela ainsi qu’au fait de toutes les consignes et mesures de précaution, a commis l’irréparable : oublier une bougie à l’intérieur de la tente dans laquelle l’incendie s’est déclenché à 2h du matin. Une heure à laquelle les enfants étaient endormis. D’autant que, et c’est une autre erreur, la place d’une monitrice est d’être avec les enfants. Ce qui n’était pas le cas. Nos constats, ceux de nos cadres, des associations et de toutes les personnes et autorités qui se sont rendues dans la colonie font ressortir qu’aucun autre lien, ni aucun autre manquement, n’a pas été établi. L’erreur qui a conduit à ce drame est purement humaine.

Qu’en est-il de l’aspect formation, dont l’insuffisance dans ce cas de figure est également pointée  du doigt ?
Il est évident que certains, motivés en cela par la haine et la médiocrité qui les caractérise, peuvent avancer ce type d’argument, en parlant de toutes les responsabilités possibles et imaginables et en refaisant le monde, maintenant que le drame a eu lieu.  Mais ce qui est sûr, c’est que les moniteurs sont formés, sélectionnés, diplômés, pris en charge sur plusieurs années. Le tout, avec un contenu précis. A l’image de pays comme la France, c’est le secrétariat d’Etat chargé de la jeunesse qui veille à la formation des jeunes moniteurs des associations partenaires.
Des hommes et des femmes, avec des procédures, des contrôles et des interventions à tous les  niveaux travaillent à éviter des risques qui sont ceux de la vie. Le programme «Vacances pour tous» ne date pas de vendredi dernier. En trois ans, avant que le triste incendie de Ras-El-Ma n’emporte les six petites filles, aucun incident n’a été enregistré. Ceci, sachant que les échelles de probabilités d’un incident de ce genre, pour des raisons naturelles ou humaines, étaient énormes. Ils étaient 100.000 enfants à profiter de l’opération la première année et 150.000 la deuxième année. Pas un seul incident n’a été enregistré. Le drame de vendredi a eu lieu alors que la première phase du programme, qui a profité à 42.000 enfants et dont une bonne partie n’avait jamais eu l’occasion de découvrir son pays auparavant, a été achevée.
Mais des chiens enragés, des charognards, ne l’ont pas vu de cet œil, mus qu’ils sont par un désir d’exploiter, et de la manière la plus minable qui soit,  le deuil de familles attristées pour verser dans la médiocrité et la bassesse.

D’autres voix se sont également élevées pour dénoncer le manque d’infrastructures de sécurité, comme les extincteurs.  Quelle est votre réponse ?
S’il y avait assez de temps pour le faire, nous aurions intenté une dizaine de procès, tellement ce qui a été rapporté ne correspond pas à la réalité. Dans la colonie de Ras-El-Ma, il y avait pas moins de 24 extincteurs. Ceux et celles qui étaient sur place les ont vus. Nous disposons aussi bien de leurs bons de commande que de leurs factures. De telles mesures relèvent de l’élémentaire. Mais ce n’est pas ce qui a été rapporté.
Certains ont vu ces extincteurs et ont menti. D’autres ne se sont même pas déplacés et ont préféré inventer. Ce qu’on n’a pas rapporté aussi, c’est que c’est les cadres du ministère, qui étaient dans une autre colonie, aussitôt ont couru au secours des victimes au moment où la tente a pris feu et ont sauvé des vies, y compris dans la tente incendiée, et aussi dans les autres tentes. Cette affaire d’infrastructure est pour moi la pire des escroqueries. Parce que ceux-là mêmes qui l’ont brandi comme argument savent pertinemment bien l’effort qui a été consenti sur ce registre, à savoir que 90 % des infrastructures comprises dans le cadre de ce programme ont été renouvelés. Ils connaissent également l’état dans lequel ces colonies se trouvaient avant 2002.

Comment s’est déroulée la deuxième phase du programme, entamée lundi dernier ?
Pour la deuxième phase, 53.000 enfants ont répondu présents. Et là encore, pas un seul désistement n’a été enregistré, ni de la part des enfants et leurs familles ni de la part des associations. Et le programme ne va pas s’arrêter. Pour la troisième phase, je peux d’ores et déjà affirmer que des milliers de demandes de participation à l’opération ne seront pas satisfaites car le nombre des bénéficiaires est déjà atteint.
Ce n’est pas parce qu’il y a des accidents de la circulation que l’on va arrêter de conduire. Ce n’est pas parce qu’il y a la pollution que l’on va s’arrêter de respirer. Faut-il ne rien faire à notre niveau ? Je laisse cette attitude mesquine aux lâches et aux incompétents qui se cachent derrière des insultes pour lyncher une personne dont le seul objectif était d’apporter de la joie aux fils du peuple, qui la méritent amplement. Ma tristesse a été dans ce sens de découvrir que la bassesse n’a pas de limites. On a beau dire qu’on a touché le fond, des gens continuent à creuser davantage.

Lors d’un tout récent déplacement à Ras-El-Ma, vous avez évoqué des mesures à entreprendre pour éviter que des drames tel que celui de vendredi soient évités. En quoi consistent ces mesures ?
La première des mesures est de rappeler les consignes de sécurité très fermes qui sont à mettre en œuvre. Nous avons également rappelé les sanctions immédiates en cas de manquement à ces consignes et procédures qui sont à respecter à la lettre. Nous avons également demandé aux responsables des colonies de faire plus qu’appliquer les consignes de manière routinière, en redoublant d’efforts, en visitant les tentes, en organisant plus de rondes  et des permanences à l’intérieur comme à l’extérieur des colonies. Tous les intervenants de cette opération sont au fait de la nécessité d’être plus vigilants.
Tous revendiquent, les familles comprises, le programme et ses bienfaits tant éducatifs qu’humains. Et nous savons qu’un tel engouement et une telle réussite ont un prix. Mais à tous ceux qui rêvent de saboter ce genre d’initiatives, je répondrais que je suis là parce que j’ai la confiance et la conscience du bien-fondé de mes actions.  Je suis en mission. Celle-ci me passionne et je continue.

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