Société

Un fratricide stupide

© D.R

Taounate. Douar Laâchaycha. Les habitants ne savent pas ce qui se passe, en ce soir du jeudi 22 décembre, dans la maison de la famille S. Un agent d’autorité se tient devant la porte, entouré de plusieurs personnes.
Quelques instants plus tard, ils ont remarqué plus loin la mère de Saïd et Jawad qui sort en pleurant à chaudes larmes. Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Ils ne savent rien puisqu’ils sont encore devant leurs maisons et n’ont pas encore osé s’approcher de la demeure de la famille S. Seulement, leur curiosité les a empêchés de rester cloués devant leurs portes et ils ont fini par s’approcher pour voir ce qui s’y passait. Qui sait ? Leur existence sur les lieux pourrait être utile pour donner un coup de main à la famille S. En arrivant, ils sont étonnés de ce qui s’est produit et ont compris qu’ils ne pouvaient que soutenir moralement la mère. Pourquoi ? Que s’est-il passé chez elle ? Les femmes l’entourent, la soutiennent, tentant de la calmer, de l’apaiser, lui demandent de patienter, d’être solide pour supporter son calvaire. Elles sont convaincues que sa souffrance est plus forte qu’elle. Mais elles se doivent de la calmer.
Quelques secondes plus tard, les éléments de la police judiciaire arrivent et ceux de la Protection civile également. Les premiers sont entrés dans la maison pour effectuer les premiers constats d’usage. Saïd, vingt-cinq ans, est étendu par terre, gisant dans une mare de sang, une grande blessure au niveau du coeur. À côté de lui, son frère, Jawad, son aîné de sept ans, se tenait la tête entre les mains, les larmes aux yeux. Qui a tué qui et pourquoi ? Jawad a levé la tête, a regardé le policier qui a posé la question et lui a répondu sur un ton de regret : « C’est moi, je n’avais pas l’intention de le tuer, mais seulement de le blesser ». Avec un couteau ? Inconcevable. Jawad a baissé la tête une fois encore, les larmes aux yeux. Sa mère s’est tenue devant lui. Il n’a pas pu la fixer dans les yeux. Il a essayé d’éviter que leurs regards se croisent. Il n’a jamais pensé tuer son frère et jeter sa mère dans l’enfer de la souffrance. Une double souffrance; celle d’un enfant qui a été tué par son frère et celle d’un autre qui sera jeté derrière les murs d’une prison. Quel destin ! Mais pourquoi l’a-t-il tué ? Ni jawad ni Saïd n’avaient mis les pieds à l’école. Ils sont restés tous deux analphabètes. A l’âge de dix ans, Jawad, l’aîné, a commencé à fréquenter les champs d’olives pour gagner son pain et aider sa famille indigente. Son cadet, devenu adolescent, l’a rejoint.
Tous les deux participaient à la cueillette des olives dans les champs pour des petites sommes d’argent. Seulement, ils n’étaient jamais dans l’entente. Ils se battaient le plus souvent pour la moindre raison. Il semble que l’un ne supporte même pas le moindre mot de l’autre. Pour un oui ou pour un non, ils se retrouvent face-à-face avec des insultes et des injures qui cèdent de temps en temps la place aux coups de poing et de pied.
Le jour «J» Saïd s’est réveillé tôt pour aller aux champ. Ayant perdu la gaule dont il se servait pour cueillir les olives, il a mis la main sur celle de son frère, Jawad. Après avoir pris son petit-déjeuner, il s’est rendu au travail dans le champ. Son frère, Jawad, s’est réveillé un peu plus tard que lui. Il a pris son petit-déjeuner et s’est dirigé vers le coin où il gardait son outil de travail. Il ne l’a pas trouvé. Sa mère lui a appris que son frère l’a pris pour travailler parce qu’il pensait que son frère ne travaillait pas ce jeudi. Jawad s’est énervé. Il a commencé à lancer des injures. Sa mère lui a demandé de se taire. Il s’est retourné contre elle.
Après avoir terminé son travail, Saïd est rentré à la maison. En rentrant, son frère s’est jeté sur lui et a tenté de le violenter. Saïd a reculé de quelques pas, en lui demandant pardon. Seulement, il semble que ce dernier s’est énormément énervé. Il a avancé violemment vers son frère et lui a asséné des coups de poing, au point de lui faire perdre son équilibre. En se relevant, Saïd a attaqué violemment Jawad. Seulement, ce dernier est entré dans la cuisine, s’est armé d’un couteau et lui a asséné un coup au niveau du coeur. Saïd est tombé à terre, sans bouger. Mort.

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