«Maman, sauvez-moi». C’est la dernière phrase prononcée par Hanane, assassinée, à son onzième printemps par un dénommé Kamal Al Andaloussi, un homme âgé de trente-huit ans et père de quatre enfants. Pourquoi a-t-il commis un meutre aussi abominable? Mystère…
Ne réalisant toujours pas ce qui s’est passé, le père, Hajjoubi Ibourk, a déclaré à ALM que le mobile n’est autre que le refus de la famille de la demande en mariage formulée par le criminel. Etrange ! Un père de famille de trente-huit ans demande une fillette de onze ans au mariage?! «C’est ça la vérité», répond le père, les larmes aux yeux.
La première rencontre entre les deux pères de famille remonte à 2002, lorsque Kamal venait de louer une maison à Bouskoura, mitoyenne à celle de Hajjoubi. Ce dernier y résidait depuis 2000 avant de déménager, quatre ans plus tard, à Hay Ennajah, Sidi Maârouf, préfecture d’Aïn Chock-Hay Hassani.
Une relation amicale s’est installée entre les deux hommes. Chaque jour, Kamal conduisait Hajjoubi à bord de son vélomoteur jusqu’à son travail dans un hôtel situé au boulevard Zerktouni.
Et de temps en temps, ils s’attablaient dans un café du centre-ville avant de revenir chez eux le soir.
«Jouissant d’une bonne réputation, Kamal est une personne sociable, qui aidait les enfants de notre quartier à apprendre le Coran et leurs leçons. J’entretenais une bonne relation avec son épouse, âgée de 27 ans», explique la mère de Hanane qui est encore sous le choc.
En 2004, Kamal a volé de l’argent de la caisse de la société qui l’employait. Un acte qui lui a coûté huit mois de prison ferme. Entre-temps, Hajjoubi a déménagé à Sidi Maârouf. Libéré, Kamal lui a téléphoné avant de se rendre chez lui à Sidi Maârouf. «Il m’a reproché le fait de ne pas demander de ses nouvelles lorsqu’il était en prison», affirme le père de Hanane.
Quelques semaines plus tard, il lui a téléphoné. «Il m’a demandé de nous rencontrer au café Al Misry au centre-ville», explique le père de la victime. Lors de cette rencontre, il lui a demandé la main de sa fille Hanane. «Je n’ai pas cru mes oreilles. Il a 38 ans et père de 4 enfants et voulait épouser ma fille de 11 ans !», crie Ibourk, en colère.
Ce dernier lui a demandé de ne plus lui adresser la parole. Très nerveux, il est retourné chez lui. Mais sans révéler quoi que se soit à sa femme. Le jour de l’Aïd-Al-Fitr, son téléphone portable sonne. Kamal est de l’autre côté du fil. Il lui a demandé pardon. Excédé, Hajjoubi le supplie de le laisser tranquille.
Dimanche 6 novembre. C’est le téléphone de la mère de Hanane qui sonne cette fois-ci. C’est Kamal, revenant à la charge, qui est encore à l’appareil. «Ton mari ne t’a pas parlé de mon projet de mariage avec Hanane?», lui a-t-il lancé. Stupéfaite, elle ne savait que répondre à ce qui ressemblait à plus qu’une proposition indécente. C’est son mari qui lui a raconté ensuite toute l’histoire.
Mardi 15 novembre. Il est 19h 30mn. Hajjoubi qui travaille la nuit, s’apprêtait à rejoindre son travail. Mais il se retrouve nez à nez au seuil de sa maison avec Kamal. «Viens. Je t’emmène au boulot», le sollicite-t-il. Hajjoubi a refusé. «Et l’affaire de Hanane ?», lui demande-t-il. La réponse fuse, catégorique : «Oublie-la».
Cependant, Kamal semble déterminé. Aussitôt, Hanane, qui regardait le match Maroc-Cameroun, les a rejoints. «Je préfère la mort que de t’épouser», dit-elle. Hors de lui, Kamal lui a répondu : «Personne d’autre que moi ne t’épousera. Tu es à moi.». Et il a poussé violemment la porte de la maison. Hajjoubi est tombé par terre. Kamal comme un forcené a écarté l’épouse pour suivre Hanane dans sa chambre. Mais Hajjoubi est arrivé à temps. Il le pousse violemment. Kamal tombe de nouveau par terre. Hanane réussit à se réfugier dans la chambre à coucher de ses parents. Là, elle lance un cri strident : «Maman, sauvez-moi». Mais Kamal arrive à trouver la planque de la fillette. Il lui assène à l’aide d’un couteau trois coups à la naissance de la poitrine, la nuque et la hanche droite. Après son crime horrible, il a léché l’arme du crime pleine de sang avant de s’enfuir à bord de son vélomoteur. Vers minuit 30mn, il s’est présenté de son propre gré devant la police judiciaire préfectorale de Casablanca. Hanane, elle, est décédée sur le coup, laissant derrière elle une famille en deuil.