Najaf : Les combats se poursuivent

Si les forces américaines ont pris soin depuis le début des affrontements d’éviter tout dégât sur le lieu saint, craignant de déclencher la colère irréversible de toute la communauté chiite, il n’en demeure pas moins que de violents combats font rage à proximité du sanctuaire de l’imam Ali. Les chars américains s’étaient approchés dimanche à environ 200 mètres de l’édifice, avant de quitter leurs positions dans la nuit devenant ainsi invisibles le matin autour du mausolée après de violents combats.
Mais l’armée américaine a fait savoir qu’elle avait tiré seulement sur des cibles au sud du sanctuaire, en riposte à des tirs des miliciens de l’Armée du Mehdi. Des affrontements qui risquent surtout de compliquer la procédure de transfert du mausolée au grand ayatollah Ali Sistani. Un transfert déjà compliqué par un différend à propos de l’estimation des biens du mausolée qui sont de très grande valeur.
Lundi, avant l’aube, des hélicoptères américains ont ouvert le feu sur des positions tenues par les miliciens de Moqtada Sadr dans la ville sainte de Najaf. De son côté, le gouvernement intérimaire irakien exige plus que jamais que les miliciens quittent l’édifice et désarment.
Le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, menace de prendre le sanctuaire par la force, tandis que le ministre d’Etat, Kassim Daoud, a déclaré dimanche à Bagdad, lors d’une conférence de presse, que la situation ne pouvait plus durer. Seulement, un assaut sanglant ne manquerait pas de provoquer la fureur des chiites, majoritaires en Irak, et de déstabiliser un peu plus le pays à l’approche des élections de janvier prochain. C’est une vraie impasse dont aucun observateur ne peut prévoir l’issue. Est-ce que Moqtada Sadr et ses fidèles qui occupent depuis cinq mois le mausolée, dont ils ont fait leur quartier général ,seraient prêts à abdiquer ?
En tout cas, ils rejettent la demande du gouvernement de transition irakien de poser les armes et de s’intégrer ensuite au processus politique du pays. Ils ont réclamé un cessez-le-feu pour pouvoir sortir du sanctuaire. Mais comment interpréter l’intervention du même Sadr pour la libération de Micah Garen, le journaliste américain enlevé le 14 août ?
Le chef chiite avait en effet demandé aux ravisseurs du journaliste de le libérer immédiatement, comme l’a affirmé la soeur de ce dernier, Eva Garen, dans un enregistrement vidéo adressé à la chaîne de télévision Al-Arabia. « Nous avons été informés que Moqtada Sadr et (sa milice) l’Armée du Mehdi ont demandé la libération immédiate de Micah » a-t-elle déclaré. Autre fait, les combattants de l’Armée du Mehdi semblaient moins nombreux dans les ruelles conduisant au mausolée qu’au cours de ces derniers jours.
Le cheikh Ahmed Chaybani, un des commandants de l’Armée du Mehdi et proche conseiller de Sadr, a toutefois déclaré à Reuters que les combattants étaient remontés et qu’ils restaient prêts à combattre les Américains. Sur le terrain, des colonnes de fumées impressionnantes continuent de s’élever du mausolée de l’imam Ali, tandis que les miliciens ont déclaré lundi avoir assez de nourriture, d’eau et de munitions pour tenir le siège durant des mois.
Ils sont très susceptibles sur la question de leurs pertes et de leurs blessés. Les journalistes n’ont aucun accès à l’hôpital de fortune installé dans la mosquée et les photos de combattants blessés sont strictement interdites. Ce qui n’a pas empêché cheikh Ahmed Chaybani de s’adresser aux journalistes à l’intérieur de la mosquée, et leur déclarer que les combattants chiites deviendraient des «citoyens normaux» si les forces américaines regagnaient leurs bases et la ville de Najaf, recouvrerait alors son calme.