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Ces enfants de la rue qui essaiment à Tanger

Les enfants de la rue pullulent partout dans les différentes artères. Tanger est devenue ainsi parmi les villes les plus touchées par ce phénomène. Les causes sont multiples. Les problèmes familiaux, les problèmes scolaires et l’exode rural y sont pour beaucoup. Mais le phénomène des mineurs candidats à l’émigration clandestine est, aux yeux des responsables et des acteurs associatifs, l’une des causes principales de cette problématique. Les enfants de la rue sont non seulement originaires de la ville du détroit mais des différentes régions du Maroc.
Agés en moyenne entre 10 et 16 ans, ces enfants sont sales et sillonnant en groupes la ville. La plupart d’entre eux passent la majorité de leur temps aux différents ronds-points en train de mendier ou de vendre des kleenex aux automobilistes. D’autres vendent des cigarettes en détail. Ils s’adonnent aux mauvaises habitudes : voler, snifer de la colle … Selon les éléments de la Brigade des mineurs de Tanger, le phénomène de l’immigration des enfants, originaires d’autres régions, est l’une des raisons principales de la recrudescence du phénomène des enfants de la rue. «Les points noirs sont les ronds-points, les environs de la porte du port de Tanger, devant les snacks et les restaurants …  Les services de la police arrêtent en moyenne entre 10 à 30 enfants pour les présenter à nos services. Ils seront par la suite présentés au tribunal de première instance», indique à ALM une source policière, avant de poursuivre : «Vu la sensibilité de cette problématique, nos services procèdent à leur accueil et leur écoute pour les mettre en garde contre des dangers qu’ils courent, entre autres la pédophilie. Ils sont  par la suite acheminés vers les lieux de leurs résidences pour être remis à leur parents». Le petit Soufiane, âgé d’à peine 12 ans et originaire du bidonville Haoumat Jemâa (au quartier populaire de Bir Chifa), est connu des riverains de Zankat Dar Dbagh. Il passe son temps à jouer avec ses amis, autres enfants de la rue. Il n’a fréquenté l’école que pendant un peu temps. Sa mère vient souvent le chercher pour l’emmener chez elle. Mais le petit enfant ne reste que quelques jours à la maison pour reprendre sa vie d’errance parmi des enfants de la rue.  «Mon  père est pauvre, il n’a pas pu financer les frais de ma scolarité. Ma sœur et mes deux frères ont quitté l’école tôt pour la même raison. Mon père est tisserand et travaille à la maison puisqu’il n’a pas pu trouver un local. Nous devions, ma sœur, mes deux frères et moi, l’aider. C’est un travail fatigant et ennuyeux. Nous devions aussi parfois faire le ménage puisque ma mère travaille de temps en temps à l’extérieur», confie Soufiane.
Ces enfants, dont la plupart ont coupé tout lien avec leur famille, dorment n’importe où. «Je m’estime heureux puisque je passe la nuit dans un même endroit à Findak Chijra. Je dors chaque nuit, en compagnie d’autres enfants, dans la même condition que moi, entre des caisses de légumes et de fruits moyennant un à deux dirhams chacun», confie Najib, un enfant de 11 ans et originaire du village Bin Karich et qui est en contact avec sa mère et son petit frère, résidant à Ben Karich et dont le père les a abandonnés il y a plus de deux ans. D’aucuns qui sont liés d’amitié avec des mineurs candidats à l’émigration clandestine choisissent de rejoindre des amis au port de Tanger pour y passer la nuit.   
Comme c’est le cas de la plupart des enfants de la rue, Soufiane n’a pas caché son rêve de traverser le détroit de Gibraltar et accéder à l’autre rive. Des acteurs associatifs se penchent actuellement sur le traitement de cette problématique. Le président de l’association Tadamoun pour le soutien des enfants en situation difficile, Abdelouahed Azibou Mokraï, a indiqué que «selon des enquêtes effectuées par une équipe de l’association Tadamoun et des responsables éducatifs,  auprès de quelques écoles primaires de la ville, beaucoup d’élèves ont manifesté leur intention d’émigrer en Europe. Ce qui montre que ce phénomène ne concerne pas seulement les enfants de la rue. Nous avons ainsi mené des campagnes de sensibilisation au profit des enfants des quartiers populaires pour leur montrer les dangers que courent généralement les mineurs errant dans la ville. Et ceux qui rêvent de traverser le détroit de Gibraltar».
Beaucoup d’associations oeuvrent pour la lutte contre le phénomène des enfants de la rue. Comme c’est le cas de l’Association Darna, dont l’un de ses objectifs est de venir en aide à cette catégorie d’enfants. Elle a créé un centre d’accueil pour enfants âgés de 7 à 17 ans. Des programmes de formation sont ainsi mis en place au profit de près de 160 enfants. Il s’agit de leur apprendre des métiers de menuiserie, plomberie, couture, boulangerie, ferronnerie, informatique et  photographie. «Ce centre d’hébergement est destiné aux enfants qui n’ont plus aucune relation avec leur famille et ceux qui dorment parfois dans la rue parce qu’ils sont en conflit avec leurs familles. Les besoins élémentaires des enfants sont satisfaits dont la nourriture, le sommeil, l’hygiène et la sécurité», expliquent les responsables de cette association.
Malgré le manque de moyens, des associations tentent d’apporter le soutien à ces enfants. C’est le cas de l’association espagnole Casa de Nazaret, relevant des Frères franciscanos de Cruz Blanca. C’est une ONG religieuse, basée au petit Socco, et connue surtout des enfants de la rue fréquentant les ruelles de Dar Dbagh et les environs du port de Tanger. Selon le directeur de Casa de Nazaret, Frère Alfonso Fernandes, ce centre a été créé en 1975 pour venir en aide aux personnes handicapées. «Nous avons décidé, il y a un an, d’élargir notre action en faveur des enfants de la rue. Nous voulons réaliser un centre d’accueil pour l’hébergement de ces enfants mais nous butons toujours sur le problème du foncier.
Entre-temps, nous accueillons trois fois par semaine une vingtaine d’entre eux. Ils viennent prendre leur douche et prendre leurs repas. Nous leur préparons un programme sportif et culturel respectivement dans le stade de Souiani et à la maison des jeunes. Notre association leur projette une fois par semaine des films sur les enfants de la rue», explique- t-il. Une belle manière de soulager ces «bouts» de personne à la dérive. 

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