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De toutes les couleurs : Le pouvoir de la signature

© D.R

En voyant une peinture de loin, on s’amuse souvent à en deviner l’auteur. Ensuite, tout naturellement, on se dirige vers la signature pour confirmer ou infirmer la petite devinette. Aujourd’hui, nous sommes tous habitués à voir des œuvres signées. De même qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de finir une toile sans la signer !
Souvent discrète, la signature fait désormais partie de l’œuvre d’art, même s’il arrive que certaines occupent bizarrement un quart de la toile !
Pourtant il y a quelques générations, la signature était plutôt facultative. Les artistes ne lui donnaient pas vraiment d’importance. Beaucoup d’œuvres de grands maîtres ne sont même pas signées.
Et cela a posé de sérieux problèmes quelques fois. Comme par exemple, ces deux toiles présentant le même sujet, dont l’une est peinte par Courbet mais qui n’est pas signée et l’autre peinte par un de ses élèves (Chérubino Pata) et qui porte une signature authentique de Courbet ! Et pour compliquer les choses davantage, on raconte aussi que certains collectionneurs ont fait appel à des experts pour signer certaines œuvres, des années après leur exécution, et sans être toujours certains de l’identité de leurs auteurs.
Depuis environ un siècle, la signature s’est bien imposée et a pris de l’ampleur. Probablement à cause de notre besoin croissant de précision et d’exactitude quant à l’origine des choses. Aujourd’hui, certaines œuvres sont connues plus par leur signature que par leur contenu.
Il y a un siècle, Robert Delaunay inscrit son patronyme sur un panneau publicitaire, annonçant l’importance croissante accordée à la signature, et s’affiche donc personnellement comme une marque. Quelques temps plus tard, Duchamp signe son fameux urinoir d’un faux nom (R. Mutt), affirmant ainsi par une simple signature, que tel objet est œuvre d’art -par la seule volonté de l’artiste. En 1970, Marcel Broodthaers réalise un film qu’il projette en boucle, dans lequel il présente sa signature se formant progressivement durant une seconde. Il l’intitule «Une seconde d’éternité.» Et en 1961, Piero Manzoni a transformé, par sa simple signature, des êtres vivants en œuvres d’art, accompagnant cette opération par un certificat d’authenticité qui en pallie le caractère éphémère. Et bien sûr, cette importance croissante de la signature a fini par provoquer une réaction de protestation. Comme par exemple, Picasso et Braque qui, au début du cubisme, ont signé leurs œuvres au dos. Et aussi le groupe expressionniste « Die Brücke » en Allemagne, qui a proposé l’abandon pur et simple de la signature, reprochant à la critique et au public de s’intéresser plus aux noms des auteurs qu’à leurs œuvres. Sartre aurait dit que «la signature est une contingence bourgeoise, un péché» et d’autres, comme Ad Reinhardt ou Daniel Buren, ont cherché à désacraliser l’image de l’artiste, et rêvé de créer une histoire de l’art, privée de noms.

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