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Opération Boudiaf (6)

© D.R

L’équipe de la protection présidentielle (SSP et GIS) était déprimée et inquiète mais dès que la mort du president fut confirmée, tout le monde se trouva sous le choc; ils n’arrivaient plus à comprendre comment ni pourquoi cela s’était-il passé.
Réunie dans cette même salle, toute l’équipe vit arriver quelques heures plus tard le colonel Smain, Mohamed Ouadeh et quelques visages familiers; Smain s’entretint avec les chefs du GIS et du SSP pendant quelques instants, ensuite il revint vers les éléments de l’équipe pour leur demander de leurs nouvelles.
Il essaya de les rassurer avec ces mots: ’’ne vous en faites pas; c’est un acte isolé; ce n’est pas de votre faute, vous ne pouviez de toute façon rien faire devant ce fou et perdre un président est même arrivé aux Américains’’. Il leur donna ensuite l’ordre de rentrer sur Alger.
Puis Smain accompagné de Hadjres, Hamou et Ouadeh se rendirent à la sûreté de la wilaya où Boumaarafi était détenu; ce dernier avait-il a peine vu le colonel Smain Lamari qu’il sauta de sa chaise et cria : “tu es venu espèce de salaud; tu es content comme ça (Djite ya ouahad achemata, rak farhan hakda)”, l’atmosphère était lourde et Smain donna des instructions aux éléments qui l’accompagnaient pour qu’il le transfère vers l’avion. Le président fut entre temps rapatrié vers l’hôpital Aïn Nadja (HCA) à Alger où le médecin commandant Brixi: chef du service médecine légale donna la version officielle de l’origine du décès.

L’hôpital Militaire HCA
Presque en même temps le colonel Smain accompagnait Boumaarafi au service des urgences du HCA où le médecin-colonel Koutchoukali : chef du service psychiatrique examina Boumaarafi et lui administra une injection de calmant. Boumaarafi ne se laissait pas faire, il criait de toutes ses forces:"vous voulez me tuer, vous voulez me faire taire" et insultait Smain de tous les noms possibles.
Une fois Boumaarafi presque endormi il fut conduit à la prison du quartier général pour sa première nuit en prison.  La commission nationale d’enquête fut installée le 4/07/92 en toute hâte par le HCE, elle était composée de personnalités triées sur le volet par les généraux concernés.Elle était composée de MM. Belhocine Mabrouk, Ahmed Bouchaib, M’hamed Ferhat, Youcef Fathallah, Kamel Rezag Bara et Allel Thaaliby.
À l’issue de la première réunion de cette commission, Ahmed Bouchaib (ami intime de Boudiaf et ex-membre des vingt-deux en 1954) fut nommé: président et Kamel Rezag Bara: rapporteur. La commission en elle même avait peu de pouvoir mais par souci de transparence "fictive" et d’impartialité, elle avait fini (après plusieurs rencontres avec les différents acteurs de l’assassinat du président Boudiaf) par présenter son rapport au HCE. Le rapport en lui-même était très maigre et ne présentait ni une enquête judiciaire, ni un avis d’experts (vu l’inaptitude de ses membres) sur le meurtre du président.
Le seul objectif de cette commission était de désigner officiellement les boucs émissaires à qui les vrais coupables voulaient faire endosser le crime. Le temps était un facteur déterminant qui jouait en défaveur des vrais commanditaires de l’assassinat; et la désignation de cette commission allait aider à apaiser les esprits choqués par cette liquidation en direct. Dès les premières heures de l’installation de cette commission, des pressions étaient exercées par Larbi Belkheir et Smain Lamari pour désigner Rezag Bara comme rapporteur.
Ce dernier avait longtemps fait partie des agents les plus fidèles au service de la"DRS". C’est ainsi que le travail de la commission fut téléguidé depuis le début, la poussant à mettre le point sur certains détails et non sur d’autres. Comme par exemple la fausse lettre trouvée chez Boumaarafi; son lien avec le courant islamiste; la responsabilité des éléments du GIS que Toufik venait tout juste de verser au SSP pour renfort (il faut souligner le fait qu’à l’époque, les éléments d’élite de la protection présidentielle avaient été affectés à la protection exclusive des généraux putschistes). Mais la commission avait sciemment omis de mettre en cause Toufik, Smain Lamari ainsi que Larbi Belkheir, alors qu’ils étaient théoriquement les premiers responsables de ce qui venait d’arriver au président.

A lire aussi : Opération Boudiaf (5)

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