Est-ce que le fait que le ministère de la Justice ait été confié, dans le gouvernement précédent, à un ministre partisan a fait avancer les choses ? Les avis sont très partagés. Il n’est pas sûr que Mohamed Bouzoubaâ, à la tête d’un ministère compliqué et emblématique de toutes les contradictions, de toutes les insuffisances et de toutes les limites démocratiques de notre système, laissera à la postérité une image nette. Qui le peut, d’ailleurs ? D’aucuns considèrent que le ministre, sur certaines décisions, n’a pas donné les garanties de neutralité — notamment politiques — nécessaires à une bonne justice. Le caractère partisan de sa démarche a été souvent souligné sans que cela ne soit toujours prouvé par ses adversaires. D’autres considèrent, par contre, que le ministre étant lui-même un homme de droit a su, malgré tout, apprivoiser une machine rétive qui confond allègrement entre l’autonomie de manœuvre utile aux intérêts des personnels de justice et l’indépendance essentielle pour dire le droit. Le gouvernement de Abbas El Fassi, sur ce point précis, devrait être aussi irréprochable que la femme de César d’autant plus que la culture «istiqlalienne» traditionnelle, si elle n’est pas contenue, prédispose, naturellement, à certains accommodements.