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Quand la magie de l’Histoire accuse l’abandon

© D.R

En visite à la cité portugaise, ce célèbre monument classé patrimoine mondial de l’UNESCO, on ne peut que ressentir un profond dépit face à la situation des lieux. Délabrement, portes closes, manque d’indications et surtout poubelles et crasse vous accueillent royalement. À l’arrivée le stationnement est interdit le long de l’enceinte et le parking improvisé est à 200 mètres de l’entrée. Une entrée bordée de sacs poubelle, d’urine ruisselant le long des murs et de gamins jouant pieds nus à faire des boules de terre mouillée par du jus de légumes pourris. Un spectacle assez décevant qui porte un coup à l’enthousiasme que l’on peut avoir à visiter un lieu aussi réputé. Passé la petite porte lugubre, on se retrouve transportés comme à peine sorti d’une machine à remonter le temps. Les bâtiments, les murs, les portes, les arcs, tout y est encore, comme si les années n’avaient pas réussi à déroger la beauté du site. Revers de médaille, la main humaine a réussi plus que cela. Comment peut-on imaginer qu’un tel trésor historique soit fermé au public. Partout, synagogue, église et maisons aux portes closes. On ne peut les visiter que de l’extérieur, chose qui offre déjà un avant-goût assez intéressant. Cependant, seul endroit où l’on peut plus ou moins apaiser sa frustration, sinon l’attiser encore plus, reste la citerne. L’entrée à ce lieu est régie comme pour tous les musées, sites et monuments historiques du Royaume par un droit de passage de 10 dirhams la personne qui ira directement au fonds national pour l’action culturelle. La sympathique hôtesse vous tamponne le ticket sourire en prime et directement, vous empruntez de petits escaliers en bois qui mènent vers un endroit assez humide où le silence s’impose et pèse. Lumière, eau et arcs. C’est encore plus surprenant que sur les photos. «Cette vaste salle souterraine et voûtée faisait partie du château fort construit en 1514 par les Portugais. Elle servit probablement de salle d’armes avant d’être utilisée comme réserve d’eau», explique un touriste français à son fils se référant à son petit guide touristique. Et il a raison de le faire parce que mis à part lui, personne n’est là pour renseigner sur ce superbe lieu. Une question se pose, pourquoi bâtir un lieu aussi beau si c’est juste pour y stocker de l’eau ? À croire que ces Portugais avaient le temps de bien parfaire les choses. Cependant, devant nos yeux s’étendaient 25 colonnes et piliers sur une surface carrée de 34 m de côté. La travée centrale est percée d’un large oculus par où se déverse la lumière zénithale du jour qui produit, par réflexion sur l’eau de la citerne, un surprenant effet de miroir imprégnant le lieu d’une étrange atmosphère. Tout simplement magnifique. Ressortis de ce lieu magique, direction la porte de la plage. Le désespoir revient avec les portes fermées, les poubelles mais surtout les enfants qui nagent derrière la porte de la plage entourés de sacs en plastiques, de sachets de biscuit et bien d’autres résidus flottants qui gâchent le spectacle de ce qui aurait pu être une magnifique jetée. Plus haut, c’est encore pire. Les canons qui ont marqué une page de l’Histoire et qui auraient dû être à l’honneur semblent avoir pris un coup de vieux, ou alors simplement un coup de canons adverses. L’état d’abondon et de délabrement dans lequel ils se trouvent est frappant. Il est vrai que cela donne un air de cité ancienne, mais il lui donne surtout un air de cité fantôme. «On raconte qu’on a déjà volé un de ces canons», murmure une touriste casablancaise à sa copine. Un acte de vandalisme assez courant et qui, à force, est devenu normal. Et la valeur historique de ce superbe endroit s’évapore à vue d’œil. Heureusement que les dates sont là pour attester du glorieux passé des lieux. Les Portugais occupèrent ce qui est aujourd’hui la cité portugaise, précieuse par sa valeur stratégique. Ils fondèrent la forteresse de Mazagan vers 1506. La ville, elle-même, fut fortifiée dès 1542, et grâce à une ceinture d’épaisses murailles devint une citadelle redoutable. Le Maroc essayait de prendre la ville. Durant deux siècles, Mazagan résista aux assauts. Les Portugais ont même dû transformer le grenier en citerne pour stocker l’eau potable afin de tenir longtemps face à ces assauts, créant la citerne portugaise. La présence portugaise a pris fin en 1769, quand la ville fut prise par Sidi Mohamed Ben Abdallah. Aujourd’hui, El Jadida attire les amateurs d’Histoire curieux de découvrir la cité fortifiée par les Portugais, les cinéphiles marchant sur les traces d’Orson Welles ainsi que de nombreux estivants. La majestueuse citerne portugaise d’El Jadida servit de décor à de nombreux films. Il serait donc temps d’enlever la poussière sur cette superbe page d’Histoire et laisser nos nouvelles générations toucher de près le passé de leur pays.

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