Mardi soir, lors d’un dîner plutôt cool entre gens plus ou moins bien nés, nous avons débattu de plusieurs thèmes qui intéressent le Maroc. Forcément, à un moment, nous avons été amenés à parler de la corruption. Si nous étions presque tous d’accord sur l’aspect endémique de ce mal qui ronge notre société depuis toujours, nous l’étions un peu moins sur les moyens de l’éradiquer. Il y a même un des prestigieux et néanmoins sympathiques invités qui a estimé, je le cite, «qu’il ne faut pas dramatiser», «qu’en France la corruption est plus importante qu’au Maroc, en valeur absolue» et enfin, «que donner 50 DH à un policier mal payé, ce n’est pas si grave que ça». «Y a pas mort d’homme», a-t-il ajouté. Vous imaginez bien qu’il n’en fallait pas plus pour me faire sortir de mes gonds. Comment? Y a pas mort d’homme ? Un chauffard pourri qui file un billet à un flic ripou est, pour moi, un criminel en puissance ! M’étais-je écrié, outré. Entre nous, avais-je raison ou bien délirais-je comme d’habitude ?