Chroniques

Post-scriptum : 1 festival, 2 festvals, 3 festivals…

C’est une pluie de festivals qui s’abat en cette période sur le Maroc, et ce, depuis quelques années. Comme toutes les pluies qui abreuvent, celle-ci est bénéfique. Ceci étant dit en préambule, pour que les choses soient claires, il est cependant légitime de se poser quelques questions, et «s’interroger» est un droit qui ne peut nous être enlevé par une sorte de terrorisme intellectuel, qui voudrait qu’émettre la moindre réserve sur un festival vous fait passer pour un obscurantiste et/ou un ennemi de la modernité ! Or, il existe une place entre ceux qui vouent les festivals aux gémonies  sous pretexte qu’ils sont le lieu de toutes les débauches et ceux qui pensent que la situation actuelle est satisfaisante. Cette place est celle de ceux -dont je voudrais ici être un modeste porte-parole- qui pensent que les festivals, la musique, le cinéma, le théâtre… les arts en général… et notamment les nouvelles cultures urbaines sont des vecteurs d’ouverture d’esprit, d’innovation, de culture, indispensables… mais que dans un même temps existe un vrai risque de «trop plein», de télescopage, voire de gaspillage. N’est-il pas judicieux de s’interroger sur la «condensation» sur un même laps de temps de tous les festivals du Royaume ?
Ne peut-on également se poser des questions sur le choix des programmations ? N’est-il pas opportun d’étudier le coût des festivals ?
Bref, poser toutes ces interrogations ne fait pas de vous un «opposant» aux festivals -bien au contraire- c’est vouloir leur pérennité, leur adéquation par rapport aux attentes de la population mais aussi leur «rationalisation» pour plus et mieux d’impact ! Or, la surenchère, l’esprit commercial, l’inflation ne sont-ils pas en train de tuer ce qui devrait être l’essence même d’un festival, c’est-à-dire l’esprit de la fête ! C’est cet esprit qu’il nous faut retrouver en puisant  par exemple dans ce qui faisait le succès de nos moussems dans l’âme même de la fête de la musique: la participation, la proximité, le bénévolat… Car, de plus en plus les associations qui président aux destinées de certains festivals se transforment en «sociétés» : or, c’est bien l’esprit associatif que nous devons préserver, y compris -et surtout- dans ces espaces de liberté, de créativité, d’innovation… que doivent être les festivals. Prenons garde aussi à un écueil : celui de la provocation. Sans pretexte de ne pas céder aux censeurs, de ne pas reculer face à ceux qui veulent museler la culture : ce qui est vital, il ne servirait cependant à rien de tomber dans l’excès inverse. Le succès en affluence de nos festivals mérite -en retour- l’excellence : ces fêtes ne sont pas faites pour être consommées mais bel et bien «vécues». Pour éviter tous ces pièges, ne pourrait-on penser à la création d’une «instance» qui réunissait tous les organisateurs de festivals du Royaume pour plus d’harmonisation, de concertation, de «régulation»? Ne pourrait-on également redonner éclat et visibilité à nos moussems, dupliquer l’esprit de la fête de la musique qui permet chaque année à des centaines de jeunes de se produire en dehors de tout esprit commercial. Ne pourrait-on également penser à la création d’un «fonds» qui serait alimenté par tous ces festivals et qui serait mis à profit pour aider nos artistes à  vieillir dignement et à créer des lieux de répétition pour nos jeunes artistes. C’est  aussi cela marier tradition et modernité !

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