Culture

Ce cinéma qui respire la qualité

© D.R

Les Européens frappent encore une fois très fort. Ils présentent le meilleur de leur cinéma au public marocain. Des films, à peine sortis en Europe, sont projetés dans cinq villes du Royaume. “Dogville“ de Lars Von Trier provoque cette semaine de longues files d’attente devant les cinémas en Allemagne. Autre concordance de calendrier : “Good bye Lénine !“, du réalisateur Wolfgang Becker, fait actuellement les grands titres des agences de presse internationales. Il a triomphé samedi dernier à Berlin lors de la 16e édition des prix décernés par l’Académie du cinéma européen, en remportant six récompenses dont celle du meilleur film européen 2003. Au total, dix longs-métrages, ayant tous écumé des festivals internationaux, sont au programme. Nombre de ces films n’auraient jamais trouvé de distributeurs au Maroc, parce qu’ils ne font pas partie du créneau dit rentable. C’est dire l’aubaine de pouvoir les regarder, et d’apprécier les dernières tendances des réalisateurs du nord de la Méditerranée. La barrière du prix à payer pour regarder un film ne tempère pas l’enthousiasme. Il suffit de débourser 10 DH pour regarder un film ou encore mieux : payer 30 DH pour se procurer un pass permettant l’accès à la totalité des longs-métrages. “À peine le prix d’un paquet de cigarettes“, commentait dimanche soir un jeune homme lors de la projection de “Respiro“, le long-métrage de Emanuele Crialese qui a ouvert les semaines du film européen à Casablanca. Les autres villes concernées par cette manifestation sont Rabat, Tétouan, Safi et Meknès. Si les films projetés dans ces différentes villes ne changent pas, les conditions de leurs projections présentent en revanche des fortunes diverses. Très curieusement, les organisateurs ont choisi comme lieu de projection à Casablanca la salle de la Fondation des oeuvres laïques (FOL). Cette salle est très indiquée pour des représentations théâtrales et les concerts qui ont fait sa renommée, mais elle ne dispose pas du strict minimum pour permettre de regarder convenablement un film. Les sièges sont en bois, l’écran est maculé de taches et le dispositif audio d’un autre âge. Le petit budget de la manifestation ne permettrait pas de louer une vraie salle, selon les organisateurs. Il faudrait alors penser à une autre formule de façon à impliquer peut-être la mairie de Casablanca dans l’événement. L’impression laissée par la salle a été heureusement vite lavée par la teneur du film dont les événements se déroulent à Lampedusa, une île perdue au sud de la Sicile. Véritable hommage aux habitants de cette île, au soleil et à la mer, “Respiro“ n’est pas pour autant indissociable de Lampedusa. Il pourrait se dérouler dans n’importe quel pays méditerranéen sans dépayser sa population. Il ne comporte pas de surcroît d’indices permettant réellement de le situer dans le temps. Au premier rang des faits marquants de ce film, le personnage de Grazia, superbement interprété par Valeria Golino. Sujet régulièrement à des crises de fureur, ce personnage se cantonne dans le bleu azuréen de la mer pour fuir l’incompréhension des hommes. Deux complices de taille l’accompagnent dans ses virées : ses enfants. L’étroitesse des conformismes et du machisme caricatural des hommes de l’île n’est jamais traitée d’une façon aiguë. Elle est enveloppée du tendre regard d’un réalisateur qui prend le parti de l’humour pour dénoncer les habitudes d’Insulaires pour lesquels il a de l’affection. Le réalisateur ne cache pas ce regard tendre, et le rire qu’il oppose à la dénonciation frontale se communique aux spectateurs. “Repiro“ n’est pas une comédie, pourtant on y rit à gorge déployée. La tendresse du réalisateur pour cette population se transforme à la fin du long-métrage en véritable tableau pictural. Placée sous l’eau, une caméra filme un groupe de nageurs rejoignant la nuit Grazia qui resurgit dans la mer après une longue absence. Au son limpide d’un saxophone, le groupe des nageurs crée des bulles blanches dans l’eau. Scène d’une plasticité tranchante et qui sera sans doute citée comme un modèle de l’émotion que communiquent certains films sans un cortège de mots.

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