Le patron de l’Office of Fair Trading (OFT), le gendarme de la concurrence au Royaume-Uni, a épinglé comme «puériles» certaines pratiques tarifaires de la compagnie aérienne à bas coût Ryanair, dans une interview au quotidien l’Independent. John Fingleton, qui ne s’exprime pas souvent de cette manière, s’en prend particulièrement à la pratique des cartes de crédit payantes, des frais qui n’apparaissent qu’en fin de transaction. Ryanair, qui se targue que tous les frais annexes sur ses lignes soient optionnels, offrait le paiement gratuit par Visa Electron jusqu’au 31 décembre, une carte peu répandue. La compagnie a changé de partenaire gratuit, optant pour la Mastercard Prepaid, pas très courante non plus. Les détenteurs de Visa Electron doivent désormais payer cinq livres ou cinq euros par achat, comme avec les autres cartes.
M. Fingleton dénonce ce «petit jeu» de Ryanair qui revient, selon lui, à «se moquer» de la clientèle. M. Fingleton estime aussi que la manière dont Ryanair, comme d’autres compagnies aériennes, impute directement des frais d’assurance sur le prix de ses billets, à charge pour le client de les ôter lui-même s’il ne souhaite pas cette assurance, est «dans la zone grise» de la légalité.
Mais il considère «qu’il serait stupide de se mettre à pourchasser des choses comme ça à chaque fois parce qu’ils trouveraient autre chose». Le responsable de l’OFT préfère compter sur «la colère et la frustration» de la clientèle pour «changer les choses, souvent plus vite qu’une action en justice». M. Fingleton s’est mal fait recevoir par la compagnie, dont le porte-parole, Stephen McNamara, a estimé que les propos étaient «à prendre avec des pincettes», venant d’un homme dont l’organisation a échoué à faire cesser d’autres scandales, selon lui. «Ryanair n’est pas pour les John Fingleton surpayés, mais pour les Messieurs Tout-le-monde qui choisissent les prix bas garantis de Ryanair», a-t-il lancé. Malgré les agaçants surcoûts, la compagnie reste en effet assez bon marché, ce qui lui a permis de bien survivre à la crise, alors que les compagnies classiques comme British Airways voyaient leur trafic européen baisser pendant ce temps.