Economie

Des lois sur mesure

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ALM : Dans un marché de plus en plus concurrentiel, quelle position occupe la Sadet ? Quel est son chiffre d’affaires ?
Azzeddine Abaakil : Sadet (Société arabe de développement des technologies de construction) est une société familiale qui compte trois unités de productions dont les deux principales sont situées à Témara et à Bouskoura. Créée en 1984, la société est spécialisée dans la préfabrication de composants en béton précontraint. Le principe du précontraint est d’opposer une force à celle des charges que la poutrelle va supporter. Le but est d’améliorer les performances tout en allégeant les structures, ce qui permet une économie à la fois de temps, de matériaux comme le béton et l’acier, et de grandes portées. Il s’agit d’une société anonyme au capital de 28 000 000 DH et qui enregistre actuellement un chiffre d’affaires de 120 millions DH. La Sadet a pour activités principales la conception et la fabrication de composants comme les planchers, les dalles alvéolées, les poutres en R, en I et les poutres économiques 20*20, ainsi que des composants pour toiture industrielle comme les couvertures en TT. Sadet est également l’une de rares entreprises, voire la seule, à développer des produits de sa propre conception. Pour cela, elle dispose d’un service recherche et développement qui lui permet aussi d’introduire de nouveaux produits sur le marché. Ses clients sont essentiellement les entreprises de BTP. La société emploie 200 personnes, dont une vingtaine d’ingénieurs et une trentaine de non-permanents.
Sadet s’est également engagée dans une politique de qualité. Quels en sont les grands axes ?
Nous sommes actuellement à la phase finale du processus de certification Iso 9001, version 2000 de la Sadet, qui sera effective le 1er trimestre 2004. Il s’agit des rares entreprises à avoir entamé une telle démarche. Notre souci n’est pas la certification en elle-même. Nous visons par cette action à être à la hauteur des nouvelles exigences du marché, à respecter les normes de sécurité et de qualité aussi bien en termes de produits que de prestations (délais de livraison, désignation…). L’organisation interne de la Sadet, l’optimisation de ses moyens, performances et capacités en matière de gestion des ressources humaines, sont également concernées par cette démarche. C’est aussi une façon pour nous de tirer vers le haut les performances de nos différents partenaires et clients, puisque nous opérons dans un secteur qui fait appel à plusieurs intervenants.
Quel regard portez-vous à l’évolution du secteur du BTP au Maroc ?
On peut dire que l’évolution du secteur est positive. Pour ne prendre que cet exemple, le chiffre d’affaires de Sadet est passé de 60 millions de dirhams, il y a quatre ans, à 120 millions de dirhams actuellement. Le marché est fortement demandeur. Quantitativement, l’évolution est des plus favorables. Mais là on peut se poser la question sur la qualité de ce qui se fait, le degré de technicité des entreprises marocaines opérant dans le secteur et la compétitivité de leurs prix. On remarque, en fait, une évolution à deux vitesses. Si le secteur a vu ces dernières années l’émergence d’entreprises à haute technicité et expertise, avec une forte tendance vers la spécialisation, d’autres sociétés continuent de travailler de façon traditionnelle. Il faut dire à cet égard que le consommateur, notamment en ce qui concerne l’immobilier, devient de plus en plus exigeant. Et là est le point tournant de cette industrie qui ne doit pas se contenter de produire, mais doit aussi respecter les exigences des clients. Cette évolution est également due à l’intervention moindre de l’Etat dans la gestion du secteur. Désormais, c’est le privé qui tire l’Etat. Ouvert sur les nouvelles technologies, avec une spécialisation prononcée dans un segment d’activité lié au BTP, il a, outre le souci de la rentabilité, celui de la satisfaction du client.
Mais le secteur privé bloque sur plusieurs entraves au Maroc. Qu’en est-il pour vous?
Il va sans dire que tout n’est pas en rose quant au fonctionnement du secteur privé. A commencer par les ressources humaines. Le moteur de tout développement, c’est les hommes. Un élément fondamental qui a été occulté des années durant. On ne fait rien pour retenir ces milliers de jeunes diplômés et cadres, ni par des possibilités d’embauches attrayantes ni par des conditions adéquates de travail. L’aspect fiscal semble dans ce sens aller plus en faveur des capitalistes que celui des employés. Ces derniers sont les plus pénalisés par ce système. A cela s’ajoute la Recherche-développement, le parent pauvre de l’industrie marocaine. Mais cet aspect fait défaut à l’entreprise marocaine, et l’Etat ne fait rien pour améliorer les choses. S’agissant du BTP, le foncier pose toujours problème au Maroc. L’indisponibilité des terrains, les problèmes liés à la Conservation foncière, où pas tous les problèmes sont réglés, l’aménagement du territoire qui n’en est toujours qu’à ses balbutiements, tout cela fait que nous opérons dans des terrains minés par les complications administratives. Les taux d’intérêt appliqués en matière d’immobilier restent également dissuasifs, alors qu’il s’agit d’un facteur qui devrait stimuler le marché. Au lieu d’enlever la TVA, l’Etat aurait mieux fait de financer les taux. Cela aurait créé un effet boule de neige profitable à tout le monde, d’autant plus que la TVA, constamment récupérable, pourrait constituer un fonds intarissable pour le financement de ces taux.
La réglementation est-elle adaptée aux réalités marocaines ?
Concernant la réglementation, le travail se fait également à deux vitesses. On a d’une part une réglementation stricte en matière de construction (superficie, hauteur du plafond …). Mais, d’un autre côté, on trouve des bidonvilles qui ne cessent de se propager. On affiche des ambitions bien trop élevées et inadaptées à la réalité. Résultat : c’est l’informel qui prend le dessus. Il faut instaurer des lois sur mesure. Au lieu de réglementer l’habitat et le secteur de l’immobilier, les mesures administratives appliquées poussent les gens davantage vers l’informel. Il faut simplifier ces règles et les rendre plus accessibles. Il faut aussi que les ambitions soient plus modestes. D’autant que ce sont les plus démunis qui en profiteraient. Malheureusement, on continue à faire des lois pour l’élite.

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